Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
656
CORRESPONDANCE.

De voir ainsi de tout côté
Des trinités dans l’autre monde !
Ce fut alors que j’invoquai
Le héros qui s’est tant moqué
Des trinités que l’on adore.
En enfer il a du crédit ;
On y craint son bras, son esprit :
Il m’exauça, je vis encore.


Vous avez eu sans doute, sire, la même bonté pour le vieux baron de Pöllnitz. L’enfer l’a respecté, et sans doute il vous respectera bien davantage ; vous vivrez assez longtemps pour augmenter encore vos États, car pour votre gloire je vous en défie à l’égard de votre baron, il doit être bien glorieux d’être chanté par vous, et bien heureux de n’avoir point payé son passage à Caron.

Votre épître sur le globe des Petites-Maisons est charmante ; vous connaissez parfaitement notre pays welche dont vous parlez, et ses banqueroutes passées et ses banqueroutes présentes et futures.

Je remercie Votre Majesté de prendre toujours sous sa protection la majesté de Julien, qui était assurément une très-respectable majesté, malgré l’insolent Grégoire et l’impertinent Cyrille.

Je ne crois pas que les Welches veuillent faire sitôt parler d’eux ; il faut avoir beaucoup d’argent comptant à perdre actuellement pour s’amuser à ravager le monde, et ce n’est pas le cas de ces messieurs ; mais, si jamais il arrivait malheur, je prendrais la liberté de vous recommander le sieur Morival, qui sert dans un de vos régiments à Vesel. Je vous supplierais de l’envoyer en Picardie dans Abbeville pour y faire rouer les juges qui le condamnèrent il y a six ans, lui et le chevalier de La Barre, à la question ordinaire et extraordinaire, à l’amputation de la main droite et de la langue, et à être jetés tout vifs dans les flammes, parce qu’ils n’avaient pas ôté leur chapeau devant une procession de capucins. Le chevalier de La Barre subit une partie de cette petite pénitence chrétienne ; Morival, plus heureux, alla servir un roi qui n’immole personne à des capucins, qui n’arrache point la langue aux jeunes gens, et qui se sert mieux que personne de sa langue, de sa plume, et de son épée.

Supposé que Thorn soit en votre puissance, j’ose vous demander justice de la sainte Vierge Marie, à laquelle on sa-