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CORRESPONDANCE.

8812. — À M. BORDES[1].
À Ferney, 12 avril.

Mme Denis a voulu lire aussi Parapilla, mon cher confrère ; je vous renvoie à regret cet agréable ouvrage, et je mets sous votre protection les Aventures crètoises, qui ne plairont pas si fort aux dames.

Je crois qu’Aufresne[2] sera dans deux ou trois jours à Lyon ; ne pourrait-on pas l’engager à jouer Teucer ? Le vieux malade vous embrasse bien tendrement.

8813. — À M. LE COMTE DE SCHOMBERG[3].
Ferney, 14 avril.

Monsieur, la lettre dont vous m’avez honoré a été une de mes plus grandes consolations. Il est vrai que j’ai été assez mal ; mais j’avais chargé M. l’avocat Belleguier[4], qui fait les affaires de la Sorbonne et les miennes, de vous assurer que je mourrais très-attaché à tous mes anciens sentiments, et surtout à vous, monsieur, qui daignez toujours prendre quelque intérêt à ce qui me regarde, malgré ma constante aversion pour les assassins du chevalier de La Barre.

Si j’ai encore à vivre quelque temps dans ma retraite, au milieu de ma petite colonie, ce sera pour regretter les moments que vous avez bien voulu me donner quelquefois, pour en conserver le souvenir le plus cher, et pour vous être très-dévoué jusqu’à mon dernier moment. Je suis encore bien faible ; mais il me semble que je reprends un peu de force en vous écrivant.

J’ai l’honneur d’être, avec bien du respect et de la reconnaissance, monsieur, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Aufresne avait débuté à la Comédie française en 1765. Il paraît que la simplicité de sa déclamation déplut au comité, qui refusa de l’admettre. Le suffrage du roi de Prusse et de l’impératrice de Russie, qui le firent engager à leur théâtre, et les applaudissements de la petite cour de Ferney, le dédommagèrent de cette disgrâce. Il jouait surtout, dit-on, le rôle d’Auguste avec une grande supériorité. Aufresne est mort en 1806.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.
  4. C’est-à-dire qu’il avait envoyé le Discours de Me Belleguier'.