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année 1772.

8756. — À M. LE MARQUIS DE THIBOUVILLE[1].

J’avais déjà écrit à l’autre ange sur la rapine du corsaire Valade, et je m’étais plaint assez vivement à M. de Sartines. S’il y a quelque justice dans ce monde (ce dont j’ai toujours fort douté), il est certain qu’on doit réprimer ce Valade, qui s’empare du bien d’autrui, et saisir ses marchandises de contrebande. C’est à quoi pourraient aisément parvenir mes deux protecteurs des Lois de Minos.

Au reste il faut laisser passer cet orage ; il faut laisser pleuvoir les Fréronades, et les Clémentines, et les Sabatières. Autant vaudra la pièce après Pâques que pendant le carême. J’aurai le temps de limer un peu cet ouvrage, et plus il sera différent de l’imprimé, moins il sera sifflable ; mais il me paraît très-important pour le bien public que ce M. Valade soit relancé par la police.

8757. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT.
Ferney, 3 février.

Non vraiment, monsieur, je n’ai point reçu les deux lettres dont vous me parlez, qui étaient contre-signées ; il arrive fort souvent que les commis ne veulent point se charger de ces contre-seings. Écrivez-moi tout uniment à mon adresse, et vous pouvez compter que la lettre me parviendra ; mettez seulement un au bas, car très-souvent je prends votre écriture pour celle d’un autre.

Si vous voyez monsieur le chancelier et M. le maréchal de Richelieu, je vous recommande ces pauvres Lois de Minos ; je les avais beaucoup retravaillées depuis votre départ de Ferney. Un fripon[2] m’ôte tout le fruit de mon travail. Je ne me plains pas des libelles que le libraire Valade débite tous les huit jours contre moi et mes amis ; j’aurais mauvaise grâce de ne vouloir pas qu’on me calomnie, quand on a l’insolence de faire tant de mauvais libelles contre monsieur le chancelier lui-même ; mais je ne trouve point du tout bon qu’on me vole, et que la police souffre ce vol public. Je présente sur cette affaire une

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — Ces deux alinéas se trouvaient jusqu’ici en tête de la lettre à Thibouville du 1er janvier. Ils doivent appartenir à une lettre du mois de février. (G. A.)
  2. Marin ; voyez la note 3 de la page 290.