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CORRESPONDANCE.

ces Lois de Minos qu’on représentera, ou qu’on ne représentera pas, sur votre théâtre de Paris ; mais on y a voulu trouver des allusions, des allégories. J’ai été obligé de retrancher ce qu’il y avait de plus piquant, et de gâter mon ouvrage pour le faire passer. Je n’ai d’autre but, en le faisant imprimer, que celui de faire, comme vous, des notes qui ne vaudront point les vôtres, mais qui seront curieuses ; vous en entendrez parler dans peu.

Adieu : le vieux malade de Ferney vous embrasse très-serré.

8745. — À M. D’ALEMBERT.
25 janvier.

Oui, mon illustre Bertrand, j’ai lu l’annonce qui se trouve dans la Gazette littéraire des Deux-Ponts, par M. de Fontanelle. Jamais M. de Fontenelle n’aurait osé en dire autant. La diatribe de l’avocat Belleguier ne pourra partir, à ce qu’il m’a mandé, que mercredi prochain, 27 du mois. Ce pauvre avocat tremble ; il a les meilleures intentions du monde ; il n’a dit que la vérité, et c’est pour cela même qu’il tremble. Il dit qu’il vous en enverra d’abord un petit nombre d’exemplaires pour sonder le terrain.

Il avait autrefois une adresse pour M. de Condorcet, mais il ne s’en souvient pas exactement ; il craint les fausses démarches, il est sur les épines ; il met son sort entre vos mains.

Je suis persuadé que, s’il s’était agi d’autres prisonniers, Catau aurait fait sur-le-champ tout ce que vous auriez voulu ; mais elle prétendait, et avec très-grande raison, ce me semble, qu’un homme supérieur en dignité[1], qui peut-être n’est pas philosophe, la prévint sur cette affaire par quelque honnêteté : il ne l’a pas fait, et cela est piquant. Si vous venez à bout d’obtenir ce que cet homme supérieur n’a pas osé demander, ce sera le plus beau triomphe de votre vie. J’attends la réponse que vous fera Catau, avec la plus grande impatience.

Je ne sais pas précisément ce que c’est que la fête du Triomphe de la foi[2] ; mais, en qualité de bon chrétien, ne pourriez-vous point nous faire savoir en quoi consiste cette fête, et quelle victime on y a immolée ? Faites-moi savoir surtout comment ce pauvre avocat peut faire adresser un paquet à M. de Condorcet.

Le pauvre Raton, qui est très-malade, se recommande à votre amitié.

  1. Il s’agit sans doute de Louis XV.
  2. Voyez lettres 8733 et 8752.