monde, ce qui m’empêche pour cette fois, mon cher Voltaire, de vous en dire davantage. Dès que je serai rendu à moi-même, je pourrai m’entretenir plus librement avec le patriarche de Ferney, auquel je souhaite santé et longue vie, car il a tout le reste. Vale.
Je ne vous fatigue pas de longues lettres, mais je vous demande trois choses premièrement, d’avoir la bonté de faire rendre mon billet à monsieur le secrétaire perpétuel ; secondement, de vouloir bien me dire de qui est Alcydonis ; troisièmement, où en est le procès de Du Jonquay. Cela ne coûte que trois mots ; je vous les demande, et je vous embrasse de tout mon cœur.
Il y a, vous dis-je, des tripots qui sont ingouvernables : le roi n’a pu parvenir à mettre la paix dans Genève, et vous ne parviendrez jamais à la mettre chez les comédiens de Paris. M. d’Argental s’est bien donné de garde de m’avouer les dégoûts que le tripot vous a donnés à tous deux ; c’est un ministre qui ne veut pas révéler la turpitude de sa cour ; vous êtes plus confiant, monsieur le marquis.
Après tout, on dit que le carême est tout aussi bon pour les sifflets que le carnaval : il importe assez peu qu’Alcydonis soit devant ou derrière.
Je n’ai jamais entendu parler de ce drame en prose. On ne sait plus de quoi s’aviser. Il me semble que nos Welches font tout ce qu’ils peuvent pour se rendre ridicules. Vous qui êtes un vrai Français, plein de grâces et de bon goût, soutenez bien l’honneur de la nation.
On fera l’impossible pour retarder le débit des Lois de Minos, puisqu’on retarde à Paris la représentation ; je ne sais pourquoi on veut nommer la pièce Astérie, puisqu’elle est connue partout sous le titre des Lois de Minos ; mais je ne m’oppose à rien, tout m’est bon, pourvu que vous soyez content.