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CORRESPONDANCE.

S’il y a quelque chose de nouveau sur le cocher Gilbert et sur le… Aubriot[1], je vous prie de m’en régaler.

Je vous demande la grâce de faire passer l’incluse à l’auteur de la Réponse d’Horace, et de m’envoyer un petit paquet que j’attends de lui.

Savez-vous quel est le commis à la phrase qui donne des approbations tacites aux Clémentines[2] ? Vous devriez bien me mettre au fait de ces coglionerie pour m’amuser. J’en entends parler, et je n’ai rien vu.

8735. — À M. D’ALEMBERT.
15 janvier.

Raton convient que Bertrand a raison par sa lettre du 9 de janvier. Bertrand a mis le doigt sur la plaie ; mais il faut qu’il sache qu’on a retranché à Raton deux scènes assez intéressantes[3], auxquelles il a été obligé de substituer des longueurs. On ne fera jamais rien de passable, et le commerce de l’esprit ira toujours en décadence, quand les commis à la phrase retourneront vos poches à la douane des pensées.

C’est dommage, car le sujet était heureux, et il a donné lieu à des notes qui feront dresser les cheveux à la tête des honnêtes gens, à moins qu’ils ne soient chauves. On reconnaissait les bœufs-tigres dans une des scènes supprimées ; c’est une plaisante contradiction d’avoir chassé les bœufs, et de ne vouloir pas qu’on parle de leurs cornes.

M. Belleguier[4] m’a écrit que vous auriez reçu son discours pour les prix de l’université, il y a plus de huit jours, si ses typographes n’avaient pas été fort inquiétés à Montpellier, où sa drôlerie s’imprime. Ce M. Belleguier n’est point plaisant, ou du moins il n’a pas cru que l’on dût plaisanter dans cette affaire. Il est quelquefois un peu ironique ; mais il prouve tout ce qu’il dit par des faits authentiques auxquels il n’y a pas le petit mot à répondre. Je ne crois pas qu’il ait le prix, car ce n’est pas la vérité qui le donne. La pauvre diablesse est toujours au fond de son puits, où elle crie : Croyez cela, et buvez de l’eau.

  1. Voyez l’affaire Morangiès.
  2. Lettres de Clément XIV, par Caraccioli.
  3. Dans les Lois de Minos.
  4. C’est sous ce nom que Voltaire donna un Discours : voyez tome XXIX, page 7.