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année 1772.

trente livres ; vous me le ferez remettre quand vous voudrez ; j’ai écrit à tous les absents. Pompignan se fera peut-être prier ; mais laissez-moi faire, il payera ou il verra beau jeu. Le roi et l’archevêque seront très-exactement instruits de tous ceux qui ne payeront pas. J’en fais mon affaire. Peut-être ne feriez-vous pas mal (mais je laisse ceci à votre prudence) d’envoyer dix ou quinze louis, plus ou moins, à monsieur l’archevêque, indépendamment des trente livres qu’il faut me remettre. En ce cas, chargez-moi de les envoyer, je vous réponds que votre commission sera bien faite, et que les pierres mêmes la sauront.

On vient de jouer un plaisant tour à Coge pecus et aux cuistres ses consorts dans l’Avant-Coureur. On a traduit littéralement sa belle proposition latine « La philosophie… n’est pas plus ennemie de Dieu que des rois, » et on ajoute que « ce sujet lui-même est très-philosophique ». Je sais qu’on se prépare à se moquer de lui dans d’autres journaux, sans compter peut-être ce qui lui viendra d’ailleurs.

Le comte d’Hessenstein, pénétré de reconnaissance pour vous, a écrit à Mme Geoffrin pour la prier de faire insérer dans le Mercure et dans le Journal encyclopédique, l’un et l’autre fort lus dans le Nord, l’extrait de la lettre que vous m’avez écrite à son sujet. J’ai répondu que je n’en ferais rien sans votre aveu : ainsi réponse à ce sujet, si vous le voulez bien. Pour que vous n’achetiez pas chat en poche, voici ce que vous m’avez mandé, et que je ferai imprimer si vous le trouvez bon :

« Je me trouve[1] d’accord avec Mme de *** (Mme Geoffrin) dans son attachement pour le roi de Pologne, et dans son estime pour M. le comte d’Hessenstein… J’admire Gustave III, et j’aime surtout passionnément sa renonciation solennelle au pouvoir arbitraire : je n’estime pas moins la conduite noble et les sentiments de M. le comte d’Hessenstein. Le roi de Suède lui a rendu justice ; la bonne compagnie de Paris et les Welches mêmes la lui rendront : pour moi, je commence à la lui rendre très-hardiment. »

Adieu, mon cher maître ; je vous embrasse de tout mon cœur. Je travaille à la continuation de l’Histoire de l’Académie française[2]. Il y est souvent question de vous, et vous pouvez vous en rapporter à moi. Vale.

Mes respects à Mme Denis ; j’espère que sa santé sera meilleure.

8734. — À M. MARIN[3].
14 janvier.

Je vous ressouhaite la bonne année, mon cher ami que je n’ai jamais vu, et que probablement je ne verrai jamais, mais que j’aime parce que vous êtes franc et sincère.

  1. Voyez lettre 8680.
  2. D’Alembert fit imprimer, en 1779, un volume d’Éloges lus dans les séances publiques de l’Académie française. Ce volume est le premier de l’Histoire des membres de l’Académie française, 1787, six volumes in-12.
  3. Les éditeurs de ce billet, MM. de Cayrol et François, le font adresser à Tabareau. Nous croyons qu’il était pour Marin. (G. A.)