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année 1772.

trompe fort, un chef-d’œuvre de bavarderie et de bêtise. Dieu nous conserve ce cher homme !

Vous ne m’avez point répondu sur la correspondance de Luc.

Adieu, mon très-cher ami ; mes respects à Laurent et à Tartufe[1], mais mille sincères et tendres amitiés à tous vos amis.

8721. — À M. LEKAIN.
À Ferney, 1er janvier.

Mon cher ami, je vous souhaite la bonne année, à vous et aux Crétois ; on dit qu’il y a eu plus de tracasseries dans cette île qu’il n’y en a à la cour de France. Si vous voulez me le mander pour me réjouir dans ma vieillesse, vous me ferez plaisir.

On me mande que la cabale d’une certaine racaille, dont je me suis toujours moqué, est très-forte ; mais vous serez plus fort qu’elle ; il me semble que je vous vois dominant le théâtre en héros fier et sauvage. C’est dommage que vous ne puissiez paraître plus souvent ; mais trois fusées de votre part valent mieux qu’un feu d’artifice des autres.

J’embrasse de tout mon cœur votre sauvagerie. Mme Denis, qui a été bien malade, vous fait ses compliments.

Le vieux Malade.
8722. — À M. LE MARQUIS DE THIBOUVILLE.
1er janvier.

Vous voilà actuellement très-bien en femmes quand aurez-vous des hommes ? J’ai en main un honnête homme, un homme d’esprit, un acteur qui est un protée[2]. Il m’a fait verser bien des larmes dans le rôle de Lusignan. Il joue également les rôles de vieillards et de jeunes gens. Belle figure, belle voix, du naturel, du sentiment ; et, si vous pouvez le défaire de l’habitude de plier son corps en deux, et de certains gestes peu nobles, vous en ferez un acteur excellent, qui sera votre ouvrage. Je l’ai annoncé à M. le maréchal de Richelieu[3], qui l’entendit un moment autre-

  1. Voyez lettre 8716.
  2. Patrat, dont Voltaire reparle dans la lettre 8769.
  3. Voltaire n’en parle pas dans ses lettres 8688, 8698, 8713, d’où l’on peut conclure qu’il manque une lettre.