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année 1772.

nonnes. Il n’y a que dix mille priests en Angleterre. Je mettais Mme de Vintimille à la place du cardinal de Fleury, page 152. Vous savez que ce pauvre homme fit tout malgré lui.

Enfin votre ouvrage, d’un bout à l’autre, me fait toujours penser. Tout ce que vous dites sur le christianisme est d’une sage hardiesse. Vous en usez avec les théologiens comme avec des fripons qu’un juge condamne sans leur dire des injures.

Quelle réflexion que celle-ci : « Ce n’est qu’à des peuples brutes qu’on peut donner telles lois qu’on veut ! »

Que vous jugez bien François Ier ! J’aurais voulu que vous eussiez dit un mot de certains barbares dont les uns assassinèrent Anne Dubourg, la maréchale d’Ancre, etc. ; et les autres, le chevalier de La Barre, etc., en cérémonie.

Population, Guerre, chapitres excellents.

Je vous remercie de tout ce que vous avez dit ; je vous remercie de l’honneur que vous faites aux lettres et à la raison humaine. Je suis pénétré de celui que vous me faites en daignant m’envoyer votre ouvrage. Je suis bien vieux et bien malade, mais de telles lectures me rajeunissent.

Conservez-moi, monsieur, vos bontés, dont je sens tout le prix. Que n’êtes-vous quelquefois employé dans mon voisinage ! je me flatterais, avant de mourir, du bonheur de vous voir. Certes il se forme une grande révolution dans l’esprit humain. Vous mettez de belles colonnes à cet édifice nécessaire.

J’ai l’honneur d’être avec respect, avec reconnaissance, avec enthousiasme, etc.

8704. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Ferney, 8 décembre[1].

Sire, votre très-plaisant poëme sur les confédérés m’a fait naître l’idée d’une fort triste tragédie, intitulée les Lois de Minos, qu’on va siffler incessamment chez les Welches. Vous me demanderez comment un ouvrage aussi gai que le vôtre a pu se tourner chez moi en source d’ennui. C’est que je suis loin de vous ; c’est que je n’ai plus l’honneur de souper avec vous ; c’est que je ne suis plus animé par vous ; c’est que les eaux les plus pures prennent le goût du terroir par où elles passent.

Cependant, comme les confédérés de Crète ont quelque ressemblance avec ceux de Pologne, et encore plus avec ceux

  1. Cette lettre est quelquefois datée du 5 décembre.