Je vous envoie un fatras d’érudition[1] que j’ai reçu de Paris. Le fait est qu’il est abominable que des moines veuillent rendre esclaves des hommes qui valent mieux qu’eux, et à qui ils ont vendu des terres libres. Il n’y a point de prescription contre un pareil crime. J’ai reçu votre aimable lettre ; elle me donne de grandes espérances. Toutefois un bon accommodement vaudrait mieux qu’un procès, dont l’issue est toujours incertaine. Si les chanoines veulent se mettre à la raison, leur transaction pourra servir de modèle aux autres, et vous serez le père de la patrie.
Je vous embrasse, mon cher ami, du meilleur de mon cœur.
Rarement les philosophes en savent assez pour faire venir du blé à leurs amis ; mais vous êtes de ces philosophes qui savent être utiles. Nous vous avertissons qu’il y a, dans notre petit pays de Gex, plus de difficultés pour faire venir un sac de froment qu’il n’y en a eu à Paris pour se faire oindre des saintes huiles au nombril et au croupion, du temps des billets de confession. Il faut que votre certificat et votre acquit-à-caution soient à Gex, au plus tard vingt-quatre heures après le départ de Saint-Claude. Cela devient insupportable. Je vous demande bien pardon de tant de peine.
Sire, vous convenez que la belle Italie
Dans l’Europe autrefois rappela le génie ;
Le Français eut un temps de gloire et de splendeur ;
Et l’Anglais, profond raisonneur,
À creusé la philosophie.
Vous accordez à votre Germanie,
Dans une sombre étude, une heureuse lenteur ;
Mais à son esprit inventeur
Vous devez deux présents qui vous ont fait honneur :
Les canons et l’imprimerie.
Avouez que par ces deux arts,
Sur les bords du Permesse et dans les champs de Mars,
Votre gloire fut bien servie.
- ↑ Dissertation sur l’établissement de l’abbaye de Saint-Claude, ses chroniques, ses légendes, ses chartes, ses usurpations, et sur les droits des habitants de cette terre, 1772, in-8o de 196 pages, à laquelle ou joint une Collection des mémoires présentés au conseil du roi, etc., 1772, in-8o de 164 pages.