Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
année 1772.

Pièce jointe a la lettre précédente.

Je soussigné certifie que M. de Voltaire m’a fait voir aujourd’hui une lettre datée d’une campagne près Paris, du 21 août 1772[1], contenant en trois pages diverses choses particulières, et à la fin ces mots : « Le pape a fait enfermer un abbé Pinzo ; il court ici une lettre de cet abbé à Sa Sainteté, etc. ; » et que, sur une feuille séparée, de la même écriture, est la lettre dudit abbé Pinzo, telle qu’elle a été imprimée ; certifie de plus que personne ne connaît à Genève cet abbé Pinzo, et que tous les Genevois que j’ai vus m’ont témoigné une indignation marquée de cette lettre vraie ou supposée.

Fait à Genève, le 9 septembre 1772.

Hennin, résident pour le roi.
8623. — M. LE COMTE D’ARGENTAL.
11 septembre.

Je suis inquiet sur bien des choses, mon cher ange, quoique à mon âge on doive être tranquille. Ce n’est point la paix entre l’empire ottoman et l’empire russe, ce n’est point la révolution de Suède qui altère mon repos ; c’est le petit paquet de la Crète, dont vous ne me parlez jamais, et dont je n’ai aucune nouvelle ; mais comme le malheur est bon à quelque chose, je viens de corriger encore cet ouvrage, en le faisant recopier, et j’espère qu’à la fin il méritera toute votre indulgence. Lekain est actuellement à Lyon ; s’il vient à Ferney, je le chargerai du paquet, et tout sera réparé ; mais j’aurai toujours sujet de craindre que la pièce ne soit tombée entre des mains infidèles qui en abuseront.

Ce que je crains encore plus, c’est le mauvais goût, c’est la barbarie dans laquelle nous retombons, c’est l’avilissement des spectacles, comme de tant d’autres choses.

Voici un autre sujet de mon étonnement et de mon trouble mortel.

Avez-vous jamais entendu parler d’un abbé Pinzo, qu’on dit avoir été autrefois camarade d’école du pape ? On prétend que son camarade, ne trouvant pas ses opinions orthodoxes, l’a fait mettre en prison, et qu’il s’en est évadé. Il court une lettre très-insolente, très-folle, très-insensée, très-horrible, de cet abbé Pinzo à Sa Sainteté.

  1. Dans la publication de Hennin fils, 1825, il y a ici : « 12 août » au lieu de « 21 août ».