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finesse et agrément. Il me semble qu’il n’y a jamais eu d’injustice plus ridicule, et que c’est le dernier degré d’ignominie dans laquelle les lettres sont tombées en France. Il est bien honteux qu’un misérable comme lui, chargé de crimes et d’opprobres, trouve de la protection. La lettre de son beau-frère Royou, dont vous avez, je pense, un extrait, suffirait seule pour le faire enfermer à Bicêtre ; mais parce qu’il s’est fait hypocrite,


Iratis Fruitur dis
Iratis.

(Juven., sat. I, v. 49.)

Les anecdotes sur ce coquin m’intéressent moins que celles de Suétone sur ces coquins d’empereurs romains, qui ne valaient guère mieux.

Quand aurons-nous donc votre Suétone ? Si vous l’enrichissez de remarques historiques et philosophiques, ce sera un livre dont aucun homme de lettres ne pourra se passer. Je l’attends avec le plus grand empressement : car, tout vieux et tout malade que je suis, j’ai encore les passions vives, surtout quand il s’agit de votre gloire.

7892. — DE M. HENNIN[1].
À Genève, le 23 mai 1770.

Aux noces des enfants des dieux,
Je voudrais inviter Homère, etc.


Ma muse engourdie n’a pas eu la force d’aller plus loin. D’autres, pour célébrer ce grand hyménée[2], réuniront la magnificence allemande à l’élégance française ; mais notre simplicité suisse fixera les yeux de l’Europe, si vous pouvez orner la fête. J’espère que vous ne me refuserez pas cette satisfaction.

Mon frère et ma sœur[3] ont la plus grande impatience de vous offrir leurs hommages ; mais les embarras qu’ils partagent avec moi m’obligent à différer de quelques jours à vous les présenter.

Je ne pourrai jamais vous exprimer, monsieur, tous les sentiments qui m’attachent à vous.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.
  2. Le mariage du dauphin.
  3. M. et Mme Legendre.