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ANNÉE 1771.

Je ne savais pas que IV et V[1] vous manquassent : vous les aurez par la première occasion ; mais vous n’aurez pas sitôt ni Pelopides, ni mademoiselle Lenclos[2], ni Sophonisbe.

C’est une terrible chose qu’une colonie ; je n’aurais pas conseillé à Sophocle d’en établir ; et je suis devenu, de plus, si questionneur, que je n’ai fait que des Questions depuis deux mois.

Je répondrai à la question de votre ami : Pourquoi les Guèbres et Sophonisbe ne sont-ils pas dans le recueil ? C’est que ces ouvrages n’étaient pas encore faits quand le marquis[3] imprimait mes facéties théâtrales sans consulter ni le prince ou son frère, ni moi ; et ce qui vous étonnera, c’est que je n’ai pas vu une page de son édition.

Je suppose que Mlle Daudet est auprès de Mme de Strogonof. En ce cas, elle est avec la personne la plus riche de la Russie. Si c’est Mme Stagarof, comme vous l’écrivez, je ne la connais pas. Tout ce que je sais, c’est que je suis au désespoir d’avoir été inutile à Mlle Daudet.

J’ai encore un petit mot à dire pour M. le marquis de Monteynard. J’ai retrouvé le mémoire qu’il avait la bonté de me demander, et je le lui ai envoyé accompagné d’un autre que j’ai présenté hardiment à tous les juges. Dans ce nouveau mémoire[4], j’ai l’insolence de proposer de faire une loi générale sur la mainmorte, et d’abolir cet usage, qui jure avec le nom de France, et surtout avec celui de Franche-Comté. J’ose indiquer un moyen de dédommager les seigneurs en augmentant un peu les redevances, et en rendant les vassaux libres : je prends même la liberté d’ajouter que ce règlement mettrait le comble à la gloire du ministère. Monsieur le chancelier a poussé la bonté jusqu’à m’écrire à ce sujet. J’espère beaucoup. Je mourrai heureux si je puis avoir contribué à briser les fers de plus de deux cent mille sujets du roi c’est un de mes rêves.

Je viens à présent à l’article des montres. M. Le Gendre[5], de Versailles, comme je vous l’ai mandé[6], doit vous en remettre une, ou à Mme d’Argental. M. le baron Duben, seigneur suédois,

  1. Des Questions sur l’Encyclopédie.
  2. Le Dépositaire, comédie dont Ninon est le principal personnage ; voyez tome VI, page 391.
  3. Sobriquet par lequel Voltaire désignait Cramer le jeune.
  4. Ce doit être l’écrit intitulé Coutume de Franche-Comté ; voyez tome XXVIII, page 371.
  5. Beau-frère de Hennin.
  6. Cette lettre manque.