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CORRESPONDANCE.
8394. — À M. RIBOTTE[1].
25 octobre.

Le vieux malade, qui a reçu la prose et les vers de M. Ribotte, et qui l’en remercie, ne connaît en aucune façon la belle personne à qui ces vers sont adressés ; tout ce qu’il sait, c’est qu’on ne s’est jamais moins soucié de vers qu’à présent à la cour de France.

Le vieux malade s’occupe à présent à faire fleurir une colonie d’environ cent de vos compatriotes, qui ont établi des manufactures dans sa retraite ; ils y jouissent de toute la liberté du commerce et de celle de la conscience. On leur a bâti une vingtaine de maisons où ils vivent assez commodément ; cela vaut mieux qu’une fondation de moines. Quel bien n’aurait-on pas fait à la patrie si on avait employé à encourager les hommes et les arts la centième partie de l’argent qu’on a mis à doter des fainéants dangereux !

Le vieux malade fait bien ses compliments à M. Ribotte.

8395. — À M. BOURGELAT[2].
À Ferney, 26 octobre.

En lisant, monsieur, la savante dissertation que vous avez eu la bonté de m’envoyer, sur la vessie de mon bœuf, vous m’avez fait souvenir du bœuf du quatrième livre des Géorgiques, dont les entrailles pourries produisaient un essaim d’abeilles. Les perles jaunes que j’avais trouvées dans cette vessie me surprenaient surtout par leur énorme quantité, car je n’en avais pas envoyé à Lyon la dixième partie. Cela m’a valu de votre part des instructions dont un agriculteur comme moi vous doit les plus sincères remerciements : voilà le miel que vous avez fait naître.

Je suis toujours effrayé et affligé de voir les vessies des hommes et des animaux devenir des carrières, et causer les plus horribles tourments, et je me dis toujours : Si la nature a eu

  1. Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français ; Paris, 1856, page 247.
  2. Directeur général des écoles royales vétérinaires, commissaire général des haras, correspondant de l’Académie royale des sciences de Paris, membre de l’Académie royale des sciences et belles-lettres de Prusse. La France lui a l’obligation des écoles vétérinaires, dont il est le créateur. (K.) Claude Bourgelat, né à Lyon en 1712, est mort le 3 janvier 1779.