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CORRESPONDANCE.

pourrez, dans une occasion si pressante. Si M. le maréchal de Richelieu était à Versailles, il pourrait lui en dire quelques mots, c’est-à-dire en faire quelques plaisanteries, tourner mon entreprise en ridicule, se bien moquer de moi et de ma colonie ; mais mon ange sentira mon état sérieusement, et le fera sentir : c’est en mon cher ange que j’espère. Je parlerai belles-lettres une autre fois ; je ne parle aujourd’hui que tristesse et tendresse.

Mille respects à Mme d’Argental.

8384. — À M. LE MARQUIS DE THIBOUVILLE[1].
12 octobre.

Je profite, mon cher marquis, d’un moment de relâche que me donnent mes fluxions sur les yeux, pour vous dire que j’ai exécuté vos ordres pour M. Marsan et pour les deux montres que M. d’Argental m’a recommandé d’envoyer à votre adresse, sous l’enveloppe de M. de Richebourg. Je doute que Mme Denis vous réponde aussi régulièrement que moi ; vous savez si elle est paresseuse ! Sa mauvaise santé la rend plus paresseuse encore, et elle n’écrit point quand elle n’a rien à mander. Quant au jeune homme que vous élevez à la brochette pour lui faire réciter une pièce grecque devant des comédiens qui sont rarement français[2], nous en parlerons au retour de Fontainebleau. Conservez-moi votre bonne volonté et celle de votre disciple.

Le temps n’est pas trop favorable pour les arts d’aucune espèce ; nos beaux jours sont passés. Il sera beau à vous de faire naître un moment de crépuscule plus la chose est difficile, plus elle vous fera honneur ; alors je viendrai vous embrasser.

8383. — À M. DE POMARET.
14 octobre.

Le vieux malade, monsieur, est bien sensible à votre souvenir. Le ministère est trop occupé des parlements pour songer à persécuter les dissidents de France. On laisse du moins fort tranquilles ceux que j’ai recueillis chez moi ; ils ne payent même aucun impôt, et j’ai obtenu jusqu’à présent toutes les facilités possibles pour leur commerce.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Voyez la lettre à d’Argental du 19 janvier 1772.