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ANNÉE 1771.

main, quand on pendit un pauvre diable, il n’y eut personne : cela fait voir évidemment pourquoi l’on court depuis quelque temps aux tragédies dans le goût anglais.

Je viens d’apprendre que vous n’avez point reçu des Questions[1] qu’il n’appartient qu’à vous de résoudre, et qu’un Genevois, qui s’était chargé de vous les rendre, n’a point passé par Lyon, comme il m’en avait flatté ; je répare cette faute, et j’en commets peut-être une plus grande en vous envoyant des choses peu dignes de vous ; mais, si l’auteur des Questions pense peu, il pourra faire penser beaucoup. Il y a bien des morceaux où il ne dit rien qu’à moitié ; et vous suppléerez aisément à tout ce qu’il n’a osé dire.

Vous m’attribuez, mon cher philosophe, trop de talents dans vos jolis vers.


Vous prétendez qu’avec trop de largesse
De m’enrichir la nature a pris soin.
Peu de ducats composent ma richesse,
Mais ils sont tous frappés à votre coin.


Il me semble que je pense absolument comme vous sur tous les objets qui valent la peine d’être examinés.

Ayez bien soin de votre santé, c’est là ce qui en vaut la peine. Je vous embrasse sans cérémonie ; les philosophes n’en font point, les amis encore moins.

8365. — À M. VASSELIER[2].
À Ferney, 13 septembre.

Vous nous envoyez, mon cher correspondant, autant de melons que ma colonie vous adresse de boîtes ; vous êtes trop bon, et ma colonie est bien fatigante.

Voici encore des montres.

Votre peuple ne veut donc plus que des roues et des bûchers ? La pendaison lui est insipide : cela justifie les tragédies à l’anglaise. Pourquoi donc n’a-t-on jamais pu redonner l’Atrée de Crébillon ? C’est qu’il ne suffit pas qu’un spectacle soit atroce, il faut encore que la pièce soit bien écrite et intéressante.

  1. Les Questions sur l’Encyclopédie, dont il avait paru six volumes.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.