Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/514

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
504
CORRESPONDANCE.

Il ne pouvait souffrir qu’on aimât l’aimable Fénelon. J’eus l’imprudence de lui demander un jour s’il faisait lire au roi le Télémaque ; il rougit : il me répondit qu’il lui faisait lire de meilleures choses ; et il ne me le pardonna jamais.

Ce fut un beau jour pour l’Académie, pour la famille de cet homme unique, et surtout pour vous. M. d’Alembert, avec sa petite voix grêle, est un excellent lecteur ; il fait tout sentir, sans avoir l’air du moindre artifice. J’aurais bien voulu être là ; j’aurais versé des larmes d’attendrissement et de joie.

Il ne manque à votre pièce de poésie[1] qu’un sujet aussi intéressant ; elle est également belle dans son genre. Je suis enchanté de ces deux ouvrages et de vous. J’en fais mon compliment, du fond de mon cœur, à madame votre femme.

M. le duc de Choiseul sera flatté de voir ses bienfaits si heureusement justifiés.

M. de Létang, avocat, l’un de vos admirateurs, m’a écrit votre triomphe. Je ne puis lui répondre aujourd’hui, je suis trop malade. Il vous voit souvent, sans doute ; je vous prie de le remercier pour moi.

Embrassez bien tendrement l’illustre d’Alembert. Il est donc associé à M. Duclos ; ils doivent tous deux vous ouvrir les portes d’un sanctuaire dont ils sont de très-dignes prêtres. Les Thomas et les Marmontel n’ont-ils pas pris une part bien véritable à vos honneurs ? Réunissons-nous tous pour écraser l’envie.

Mme Denis est aussi sensible que moi à votre gloire.

8361. — À M. TABAREAU[2].
9 septembre.

Vous avez donc chez vous des suicides et des parricides, tandis que vous m’envoyez d’excellents melons : c’est l’image du monde ; des plaisirs à droite, des horreurs à gauche.

Les parlements vont donc défiler paisiblement[3].

Voici une petite boîte de ma colonie, qui se met sous votre protection.

J’embrasse tendrement M. Tabareau et M. Vasselier.

  1. Voyez la note, page 494.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. On supprimait les parlements de province ligués avec celui de Paris.