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ANNÉE 1771.

turel ; mais il n’est pas douteux que le vent et la grande chaleur ont causé tout le mal, qui sera bientôt réparé. Car chez nous on construit avec plus de célérité que dans aucun pays de l’Europe. L’année 1762, il y eut un incendie deux fois aussi considérable, qui consuma un grand quartier bâti en bois, qui fut reconstruit en bâtiments de briques en moins de deux à trois ans.


8345. – À M. DE BELLOY.
Ce 3 auguste.

Il est bien juste, monsieur, que le citoyen de Calais soit citoyen de l’Académie[1]. Il sera beau que, dans notre corps, l’homme de lettres succède au prince du sang, et que celui qui a si bien chanté nos héros remplace celui qui a marché sur leurs traces. Je ne puis de si loin joindre que mes vœux a ceux de mes confrères ; mais vous devez être sur de mes désirs autant que de leurs voix. Si l’Académie est la récompense des talents, quel homme en est plus digne que vous ? C’est avec la plus grande joie que j’apprends le choix qu’on va faire de vous. J’ai été un des premiers qui aient applaudi à votre mérite, et je ne serai pas assurément un des derniers à reconnaître la justice qu’on vous rend. J’espère donc, dans un mois, faire mon compliment à mon cher confrère.

Agréez, en attendant, les très-sincères et tendres sentiments de votre, etc.

Le vieux Malade et le vieil Aveugle de Ferney.

8346. — À CATHERINE II,
impératrice de russie
7 auguste.

Madame, est-il bien vrai ? suis-je assez heureux pour qu’on ne m’ait pas trompé ? Quinze mille Turcs tues ou faits prisonniers auprès du Danube, et cela dans le même temps que les troupes de Votre Majesté impériale entrent dans le Pérécop ! Cette nouvelle vient de Vienne ; puis-je y compter ? mon bonheur est-il certain ?

Je veux aussi, madame, vous vanter les exploits de ma patrie. Nous avons depuis quelque temps une danseuse excel-

  1. Le prince de Clermont, né en 1709, était mort le 16 juin 1771. Sa place à l’Académie française fut en effet donnée à de Belloy, dont la réception est du 9 janvier 1772.