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ANNÉE 1771.
8334. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
17 juillet.

J’ai reçu de mon cher ange sa lettre du 11 juillet. Il ne doit point craindre que le jeune homme égorge son fils[2] ; il ne le redemande que pour lui donner un habit neuf, qu’il prétend être assez propre et assez bien fait, quoique par un tailleur de village.

Il en est de même de l’abbé de Châteauneuf et du petit Lantin[3] ; ils aiment leurs bâtards comme des fous.

Je me flatte que mon petit philosophe Christin aura la gloire de délivrer quinze mille esclaves en Franche-Comté, comme fit Charles-Quint à Tunis. Vos bontés auront contribué à cette bonne œuvre. M. de La Coré, intendant de la province, dont on a demandé l’avis, est entièrement pour nous. Son mémoire est impartial, savant et éloquent ; enfin, j’espère beaucoup.

La colonie enverra incessamment les deux montres qu’on demande. Celui qui se plaint que sa montre retarde, quand la chaîne est au bout, n’a qu’à avancer un peu l’aiguille de la spirale.

Je supplie mon cher ange de montrer à M. le marquis de Monteynard[4] la lettre ci-jointe ; je lui ai déjà écrit à peu près les mêmes choses, mais vous ne sauriez croire quels brigandages ont été exercés dans toute cette entreprise. Si toutes les affaires ont été traitées dans ce goût, je ne m’étonne pas du dérangement des finances. Est-il possible qu’après neuf ans de paix nous soyons plus mal que nous étions dans le temps d’une guerre désastreuse !

Nous renouvelons, Mme Denis et moi, nos hommages les plus tendres à nos anges.

8335. — À M. LE COMTE ANDRÉ SCHOUVALOW.
À Ferney, le 19 juillet.

Oui, j’aime Pallas l’intrépide,
Qui fait tomber sous son égide

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Il s’agit toujours des Pélopides.
  3. Toujours le Dépositaire et Sophonisbe.
  4. Ministre de la guerre, parent de d’Argental.