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ANNÉE 1771.

ait déterminé les mahométans à faire la guerre à l’empire chrétien de Russie ; ce nonce, en cas de besoin, aurait béni l’étendard du grand prophète Mahomet. Si les Turcs ont toujours été battus, ce n’est pas notre faute, nous avons toujours prié Dieu pour eux.

On nous rendra peut-être bientôt Avignon, malgré tous vos quolibets ; nous rentrerons dans Bénévent, et nous aurons toujours un temporel très-royal pour ressembler à Jésus-Christ notre Sauveur, qui n’avait pas où reposer sa tête[1]. Tâchez de régler la vôtre, qui radote, et recevez notre malédiction sous l’anneau du pêcheur.

Voilà, sire, comme on me traite ; et je n’ai pas un mot à répliquer. Si je suis excommunié, j’en appellerai à mon héros, à Julien, à Marc-Aurèle, ses devanciers, et j’espère que leurs aigles, ou romaines, ou prussiennes (c’est la même chose), me couvriront de leurs ailes. Je me mets sous leur protection dans ce monde, en attendant que je sois damné dans l’autre. J’ai envoyé un petit paquet à monseigneur le prince royal[2] ; je ne sais s’il l’a reçu.

Je me mets aux pieds de mon héros avec autant de respect que d’attachement.

Le vieux Malade du mont Jura.
8212. — DE M. HENNIN[3].
À Genève, le 17 février 1771.

J’ai cherché, monsieur, depuis deux jours à me procurer la liste que vous désirez ; elle n’est point venue à Genève, du moins personne de ma connaissance ne l’a reçue.

Avez-vous vu la prose de messieurs de Rouen[4] ? Pour celle-là nous l’avons lue, et nous avons trouvé que l’on pourrait s’en fâcher. Personne n’écrit ; et sans quelques voyageurs, on ne saurait rien des dispositions du public.

Quelqu’un me mande, sur Versoy, des choses qu’il désire que je vous communique. Cette affaire est si mal commencée, si mal suivie, que vous ne serez pas surpris de la voir continuer de même. Au premier jour, je

  1. Matthieu, VIII, 20.
  2. Voyez lettre 8173.
  3. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.
  4. Il s’agit ici d’un arrêté du parlement de Rouen, rédigé en forme de lettre au roi, sur les mesures qui venaient d’être prises contre le parlement de Paris.