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ANNÉE 1770.

d’être jugé, il s’est mis à juger les autres : c’est un petit élève de Fréron.

On me mande que M. de Mairan est fort malade ; voilà une quatrième place à donner bientôt. La mienne fera la cinquième : mais ne me donnez le nasillonneur[1] ni pour confrère ni pour successeur.

Ne croyez pas un mot de tout ce que je vous disais dans mon dernier billet[2]. Je parlais par économie (comme disent les Pères de l’Église[3]). Si l’abbé Delille est un homme sociable, un philosophe, et un homme ferme, ne pourriez-vous pas l’acquérir ? Il mérite par son ouvrage cette réfutation de Clément ; mais il est de l’université, et je crains toujours que ces gens-là ne soient des Riballier, des Coger, des Tamponet.

Je vous demande en grâce, mon cher ami, de dire à M. de Condorcet combien je lui suis dévoué.

Je ne sais si Mme Necker a reçu un paquet de ma part. Je vous envoie le premier volume des Questions : vous aurez ensuite le second, puis le troisième ; je continuerai ainsi autant que je pourrai.

Pleurons sur Jérusalem, et soyons tranquilles. L’oncle et la nièce vous embrassent bien tendrement.

8194. — À M. D’ALEMBERT.
4 février.

Je vous suis infiniment obligé, mon cher ami, de votre discours prononcé devant le roi de Danemark[4]. Jamais vous n’avez rendu la philosophie plus respectable. Ce discours est un bien beau monument. Toutes les académies de l’Europe doivent vous en remercier.

Je n’ose encore vous envoyer ma facétie sur la liberté de la presse[5], que ce monarque établit si hardiment dans ses États. Figurez-vous que je n’ai pas encore eu le temps de la faire copier. Ma colonie, qu’il faut soutenir malgré l’orage qui l’a presque renversée ; des occupations forcées, et mes maladies

  1. Le président de Brosses.
  2. Le dernier billet est du 28 décembre 1770 (n° 8146). Il doit y en avoir de perdus ou d’inédits.
  3. Voyez tome XVIII, page 464.
  4. Voyez tome XLVI, page 194.
  5. Tome X, page 421.