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ANNÉE 1770.

tion pour ceux du Grand-Turc. C’était là le grand objet du commerce de ma colonie. Cette branche a été anéantie par la guerre avec les Russes. Le roi de Prusse m’a enlevé douze familles qui devaient s’établir dans mon hameau ; et les fermiers généraux en ont fait déserter deux par leurs petites persécutions. Mais si Moustapha me reste, je suis trop heureux. Je vous prierai donc de faire au plus tôt la paix entre lui et la victorieuse Catherine II. C’est la grâce que j’attends, si vous retournez de Rome à Versailles, comme je l’espère. Quoi qu’il arrive, je suis sûr que vous serez heureux soit à Versailles, soit à Rome.


Est Ulubris, est hic, animus si te non deficit æquus.

(Hor., lib. I, ep. XI, v. 30.)

Agréez toujours, monseigneur, les tendres respects de ce vieillard si colère[1].

8175. — À MADAME NECKER.
À Ferney, 14 janvier.

Je n’écris jamais, madame, de lettres du jour de l’an ; mais mon cœur vous est attaché tous les jours de ma vie.

Vous souvenez-vous que vous m’exhortâtes, il y a quelques mois, à réfuter le Système de la Nature, qui m’a toujours paru le système de la folie et de l’ignorance ? Je vous soumets ce que j’en ai écrit dans le quatrième tome des Questions sur l’Encyclopédie[2] : il est juste de présenter mes idées sur la Divinité à un de ses plus charmants ouvrages.

Agréez, madame, vous et M. Necker, mes très-humbles hommages. Vous devez tous deux bien regretter celui que je regrette[3] : car je sais qu’il estimait M. Necker infiniment.

8176. — À M. MAIGRET[4].
À Ferney, 14 janvier.

Je ne savais pas, monsieur, les obligations que je vous avais, et je vous assure que vous ne pouviez pas placer vos bontés plus à

  1. Voyez ci-après, page 331, une lettre à M. Imbert, dont la place est peut-être ici.
  2. C’était la brochure intitulée Dieu, etc.
  3. Le duc de Choiseul.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.