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cœur droit, et vous immolez la prêtraille à la vérité et à l’intérêt public votre courage est aussi respectable que votre écrit est bien fait. Il y aura peut-être quelques endroits qu’on vous demandera la permission d’élaguer, parce qu’ils sont déjà traités dans quelques autres articles.

Si vous avez du loisir, si vous voulez rendre service au genre humain, donnez-nous encore quelque chose sur la primitive Église ; sur l’égalité des prêtres et des évêques ; sur les usurpations de la cour romaine, sur tout ce qui vous passera par la tête tout ce qui sortira de cette tête achèvera d’éclairer les autres cervelles. Il faut que le feu de la vérité porte la lumière dans les yeux de tous les hommes honnêtes, et brûle les yeux des tyrans.

On ne peut vous estimer et vous aimer plus que votre collaborateur.

7832. — À M. ÉLIE DE BEAUMONT.
Le 19 mars.

Je crois, mon cher Cicéron, qu’il ne sera pas difficile de vous faire tenir les pièces de l’interrogatoire de Sirven par le nouveau juge nommé pour juger en première instance. J’attends ces pièces dans deux ou trois jours. Je les avais demandées inutilement pendant quatre mois. Vous verrez ce que vous en pourrez faire. Le fumier deviendra or entre vos mains.

Vous aurez le temps de faire votre mémoire pour Pâques ; c’est après Pâques que l’affaire sera jugée.

Vous vous ressouvenez bien que Sirven était détenu très rigoureusement au secret par l’ancien juge même de Mazamet, qui s’était fait le geôlier de son confrère subrogé à sa place. Il ne lui était pas permis de recevoir une lettre. Il a fallu que j’aie écrit au procureur général, et que je lui aie envoyé une lettre ouverte pour Sirven. Le procureur général a réprimandé le geôlier-juge ; et le nouveau juge, nommé Astruc, forcé de reconnaître l’innocence de Sirven, n’a donné sa sentence que comme le diable est obligé de reconnaître la justice de Dieu.

Je crois qu’on a pillé un peu Sirven dans sa prison, car j’ai été obligé de lui envoyer de l’argent deux fois.

Je dévore votre factum pour M. de Lupé. J’en suis à l’endroit où la mère voit le portrait de Henri IV et de Louis XV. Si vous plaidiez devant eux, vous gagneriez bientôt votre cause avec dépens.