Mme Denis fait mille compliments à M. de Thibouville. Qu’il conserve sa bienveillance pour celui qui n’est ni Jean ni Pierre, qui n’aime point du tout le raisonné de Pierre, et qui n’approche point du senti de Jean[1].
Vous, au prochain rivage ayez soin de guider
Et la reine et les siens, qu’il vous faudra garder ;
Mais, en mêlant surtout à votre vigilance
Des plus profonds respects la noble bienséance.
Les ordres du sénat qu’il faut exécuter
Sont de vaincre les rois, non de les insulter.
Gardons-nous d’étaler un orgueil ridicule,
Que nous impute à tort un peuple trop crédule.
Conservez d’un Romain la modeste hauteur :
Le soin de se vanter rabaisse la grandeur.
Dédaignez avec moi des vanités frivoles ;
Soyez grand par les faits, et simple en vos paroles.
Mais Massinisse vient[2].
Voilà, mes anges, un petit allongement pour la queue trop écourtée de Sophonisbe. Je vous prie de communiquer à Lekain cette petite satire des Romains ampoulés qu’on a trop mis sur le théâtre. Je n’aime point cette enflure et ces échasses que les sots admirent et écoutent bouche béante.
- ↑ Une lettre de Voltaire à M. Imbert, secrétaire général du lieutenant de police, M. de Sartines, datée du 10 décembre 1770, a été signalée dans le journal le XIXe siècle, du 16 janvier 1878. « Elle nous montre, dit le journaliste, l’immortel écrivain à un point de vue absolument nouveau : Voltaire boulanger. Il cherche, il s’ingénie, il mitronne, et trouve enfin une pâte aussi économique que nutritive dont il attend les meilleurs résultats :
« Un tiers de farine de pommes de terre avec deux tiers de farine ordinaire.
« Ce pain nouveau, qu’il a essayé, mangé, qu’il trouve excellent, qu’il recommande avec enthousiasme à M. de Sartines, il lui en envoie un échantillon fabriqué à Ferney, sous ses yeux, ou plutôt sous sa direction, car ses yeux perdus y voient à peine.
« Tel est, en substance, le contenu de cette lettre. »
- ↑ Voyez tome VII, pages 93 et 97.
avait débuté sur le Théâtre-Français le 3 décembre 1770, par le rôle de Zamore dans Alzire.