Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
490
CORRESPONDANCE.

eux et pour vous ; conservez-moi vos bontés, qui sont des soutiens de ma petite philosophie.

8016. — À M. COLINI.
Ferney, 4 septembre.

Mon cher ami, faites ce que vous voudrez du peu qui me reste de visage ; mais la première médaille de Waechter[1] n’est pas faite pour servir de modèle. La seconde vaut un peu mieux, pourvu que le nez soit moins long et moins pointu. Je voudrais vous aller porter moi-même ma figure avec mon cœur ; mais j’attends doucement la fin de ma vie, sans pouvoir sortir de chez moi. Je suis aussi privé de l’espérance de faire ma cour à Son Altesse électorale dans Schwetzingen, que d’aller complimenter l’impératrice de Russie à Constantinople. Je conserverai toute ma vie les sentiments que je vous ai voués.

Mme Denis est très-sensible à votre souvenir. V.

8017. ‑ À M. SERVAN[2].
À Ferney, 4 septembre.

Monsieur, le vieux malade de Ferney présente ses respects au jeune malade de Grenoble qui est à Lausanne. Je souhaite que vous trouviez auprès de M. Tissot la santé que je ne cherche plus. Quand vous vous remettrez en route, souffrez que je vous offre du moins le repos et le régime dans ma retraite, où vous jouirez d’un air très-pur, et où vous ne mangerez que ce que vous ordonnerez.

Vous savez combien vos jours sont précieux à tous les hommes qui pensent. L’intérêt extrême que nous y prenons, ma nièce et moi, mérite que vous nous donniez la préférence sur les cabarets.

Ayez la bonté, monsieur, de nous faire avertir du jour de votre arrivée et du régime où vous êtes, afin que nous ne transgressions point les lois imposées par M. Tissot.

J’ai l’honneur d’être, avec les sentiments les plus respectueux et l’intérêt le plus vif, monsieur, votre, etc.

  1. Graveur ; voyez lettres 7517 et 7693.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.