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que vous ne lui refuseriez pas vos bontés et vos conseils. Il vous contera tous les malheurs qu’a essuyés l’infortunée Encyclopédie, et le besoin qu’elle a que les honnêtes gens et les philosophes fassent un bataillon carré pour la soutenir. J’espère qu’il m’apprendra en quel état est l’ouvrage que vous avez entrepris[1], et qui sera si utile à la perfection du nôtre. Je vous recommande le Suisse de Félice[2] et ses coopérateurs, au nombre desquels sont quelques polissons d’écrivailleurs français qui prétendent, à ce qu’on dit, élever autel contre autel. À en juger par les programmes ou prospectus qu’ils ont publiés, ce sera de la besogne bien faite ; et je ne doute pas que cette société de gens de lettres, soi-disant, ne renferme plusieurs suisses de porte nouvellement arrivés de Zug ou d’Underwald. Quoi qu’il en soit, mon cher et illustre maître, je vous demande vos bontés et votre amitié pour M. Panckoucke ; et j’espère que quand vous l’aurez vu vous l’en trouverez digne, et que ma recommandation lui deviendra tout à fait inutile.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

7914. — À M. DE BELLOY.
À Ferney, 11 juin.

En vérité, monsieur, vous travaillez pour l’honneur de la France, en prose comme en vers. Plus d’une ancienne maison du royaume vous a de très-grandes obligations ; mais les lecteurs ne vous en ont pas moins. Vous avez bien mérité du public en tout genre. Les Duchesne et les Dupuy n’ont jamais mieux discuté que vous en généalogie. Les Coucy vous devront leur illustration par vos recherches[3] comme par votre tragédie.

Il est bien naturel, quand tous les Français vous doivent de la reconnaissance, que le maraud de Quimper-Corentin soit le serpent qui ronge votre lime. Celui qui fait honneur à notre littérature doit avoir pour ennemi celui qui en fait l’opprobre. Il est bon que vous connaissiez l’extrait d’une lettre de son beau-frère. Vous verrez qu’un homme qui fait un métier aussi infâme ne peut être qu’un scélérat. J’aurais voulu joindre à cet extrait des anecdotes qui m’ont été envoyées de Paris sur ce misérable ; je tâcherai de vous les faire parvenir bientôt. Oportet cognosci malos. Le triste état de ma santé m’empêche de vous en dire davantage. Diligo probos.

  1. Les Questions sur l’Encyclopédie.
  2. Voyez lettre 7567, tome XLVI, page 347.
  3. Mémoires historiques sur la maison de Coucy, sur la dame de Fayel, sur Eustache de Saint-Pierre ; 1770, in-8°.