fausses couches avant de mettre ces deux enfants au monde. On prétend encore qu’ils ne sont pas entièrement sains, et qu’ils ont toujours quelques petites maladies ; mais ils s’en tirent avec du régime.
Je vous admire, mon cher Lorrain, quand je lis ces paroles[1] : « Qu’y a-t-il de plus beau et de plus admirable que de tirer, d’un principe même qui peut mener au vice, la source du bien et de la félicité publique ? »
On dit que vous faites aussi aux Welches l’honneur d’écrire en vers dans leur langue ; je voudrais bien en voir quelques-uns. Expliquez-moi comment vous êtes parvenu à être poëte, philosophe, orateur, historien, et musicien. On dit qu’il y a dans votre pays un génie qui apparaît les jeudis à Berlin, et que, dès qu’il est entré dans une certaine salle, on entend une symphonie excellente, dont il a composé les plus beaux airs. Le reste de la semaine il se retire dans un château bâti par un nécroman : de là il envoie des influences sur la terre. Je crois l’avoir aperçu, il y a vingt ans ; il me semble qu’il avait des ailes, car il passait en un clin d’œil d’un empire à un autre. Je crois même qu’il me fit tomber par terre d’un coup d’aile.
Si vous le voyez ou sur un laurier ou sur des roses (car c’est là qu’il habite), mettez-moi à ses pieds, supposé qu’il en ait, car il ne doit pas être fait comme les hommes. Dites-lui que je ne suis pas rancunier avec les génies. Assurez-le que mon plus grand regret à ma mort sera de n’avoir pas vécu à l’ombre de ses ailes, et que j’ose chérir son universalité avec l’admiration la plus respectueuse.
Madame, Votre Majesté daigne m’apprendre que les hospodars de Valachie et de Moldavie ne feront pas leur carnaval à Venise ; mais Votre Majesté ne pourrait-elle pas les faire souper avec quelque amiral de Tunis et d’Alger ? On dit que ces animaux d’Afrique se sont approchés un peu trop près de quelques--
- ↑ C’est un passage de l’Essai sur l’amour-propre envisagé comme principe de morale, opuscule de Frédéric, publié en 1770, in-8°, et qui fait partie de ses Œuvres (primitives).