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année 1769.

vous voulez bien m’envoyer. Vous savez avec quel plaisir je les lirai. Je m’intéresse à vos clients plus qu’à Cluentius et à Roscius, défendus par votre ancien camarade.

Il y a longtemps que je connais l’affaire du sieur Beck : je crois vous avoir mandé que j’arrivai à Strasbourg quelques jours après son aventure. Je ne sais pas bien précisément quel était le degré de sa probité ; mais je sais qu’il avait affaire à un grand fripon.

Je compte bien que vous ferez aussi triompher pleinement M. de La Luzerne. L’innocence opprimée est très à son aise avec vous.

Mme Denis et moi, nous remercions bien sensiblement Mme de Canon de ses bontés ; nous vous sommes inviolablement attachés l’un et l’autre pour toute notre vie.

7755. — DE CATHERINE II[1],
impératrice de russie.
Le 8-19 janvier 1770.

Monsieur, je suis très-sensible de ce que vous partagez ma joie sur l’arrivée de nos vaisseaux au Port-Mahon. Les voilà plus proches des ennemis que de leurs propres foyers : cependant il faut qu’ils aient fait gaiement ce trajet, malgré les tempêtes et la saison avancée, puisque les matelots ont composé des chansons, comme nos troupes en ont la coutume.

Quand la chose en vaut la peine, qui ne parle que des conquêtes, et d’obliger Moustapha à faire amende honorable ? Je ne saurais nier la construction des vaisseaux a Azow, dont vous êtes informé. Moustapha avait défendu de croire la possibilité de l’arrivée de ma flotte dans la Méditerranée : il disait que c’était un bruit que répandaient les infidèles pour effrayer les serviteurs de Mahomet. La Sublime Porte, malgré sa sublimité, ne devinait pas cela. Je ne suis point étonnée de l’ignorance de l’intendant de Roumélie, ambassadeur en France qui ignorait jusqu’aux noms de la Gréce et d’Athènes. Que peut-on prétendre de porteurs d’eau et de charbon transformés en pachas, en vizirs, etc., qui souvent ne savent pas lire, et qui reçoivent toute la science du gouvernement dans le fetma du sultan ? Ils n’ont pas même un seul homme qui soit bien au fait du fil des affaires présentes. Outre cela, j’ai connu des ambassadeurs chrétiens, et très-chrétiens, qui, à la naissance près, n’étaient pas plus instruits que les ministres turcs dont vous me parlez, monsieur.

Je le répète, monsieur ; la sage Europe ne donnera son approbation à mes projets qu’autant qu’ils seront heureux. Vous voudrez bien comparer celui de l’expédition de la Méditerranée, qu’on m’attribue injustement (je

  1. Collection de Documents, Mémoires et Correspondances, relatifs à l’histoire de l’empire de Russie, tome X page 400.