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année 1769.

voyer cette traduction par la poste. M. Vasselier s’en chargerait très-volontiers. Pour le Riflessioni di in Italiano sopra la Chiesa, je ne l’ai point, et vous me ferez plaisir de me faire avoir cet ouvrage.

Il est très-vrai qu’on commence à parler bien haut en Italie, et surtout à Venise ; tous les esprits des honnêtes gens sont éclairés, et toutes les mains prêtes à fracasser l’idole. Il ne s’agit plus que de trouver quelque brave qui donne le premier coup. On m’a dit que M. de Firmian[1] est instruit et hardi, et M. de Tanucci[2], instruit, mais un peu timide. Il a osé prendre Bénévent, qui n’appartenait point au roi de Naples, et n’a pas osé prendre Castro, qui lui appartient.

Mme Denis est aussi sensible qu’elle le doit à votre souvenir. Dupuits est à sa campagne ; il vous conserve toute l’amitié qu’on a pour vous dès qu’on vous a connu : c’est ainsi que j’en use. Conservez-moi des sentiments qui me sont bien chers, et agréez l’inviolable attachement du pauvre vieillard.

7749. — À M. ÉLIE DE BEAUMONT.
À Ferney, 10 janvier.

Mon cher Cicéron, il y a un mois que je n’ai entendu parler de Sirven. Je lui ai envoyé quelque argent, dont il n’a pas seulement accusé la réception. Je ne sais plus où en est son affaire, ni ce qu’il fait, ni ce qu’il fera, si j’en apprends quelque chose, je ne manquerai pas de vous le mander. Il fait si froid dans nos quartiers que tous les juges, les plaideurs, et les huissiers, se tiennent probablement au coin du feu.

À l’égard de l’affaire de ce pauvre petit diable qui a fait tant de sottises, et qui en est si durement puni[3], je suis toujours prêt a le sécher au bord du puits du fond duquel je l’ai tiré ; mais je vous avoue que je ne voudrais pas me hasarder à écrire à M. Gerbier, que je n’ai pas l’honneur de connaître, et à essuyer un refus. J’aimerais mieux la voie de ce procureur qui est venu vous parler : cela tirerait moins à conséquence.

Il serait bon d’ailleurs de savoir s’il y a quelques fonds sur lesquels on pourrait donner six mille livres au petit interdit : car, s’il n’y en a point, toutes les démarches seraient peines

  1. Ministre de l’empereur à Milan.
  2. Ministre du roi de Naples.
  3. Durey de Morsan ; voyez tome XLV, page 500, et ci-dessus, page 249.