Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/529

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
519
année 1769.
7739. — À MADAME DUPUY, NÉE DE L’ESTANDUÈRE[1].
Au château de Ferney, le 23 décembre.

Madame, le triste état de ma santé, qui est la suite de la vieillesse, ne m’a pas permis de répondre plus tôt à l’honneur que vous me faites.

L’ouvrage dont vous me parlez n’est qu’un abrégé, qui n’a pas permis qu’on entrât dans les détails. Je ferai sans doute usage de ceux que vous avez bien voulu me faire parvenir, si mon âge et mes maladies me permettent d’étendre cette histoire selon mes premières vues.

Je suis bien flatté que vous ayez approuvé le peu que j’ai dit de monsieur votre père ; je n’ai fait que rendre gloire à la vérité, et justice à son rare mérite.

J’ai l’honneur d’être avec les sentiments les plus respectueux, madame, etc.

Voltaire.
7740. — À MADAME LA DUCHESSE DE CHOISEUL.
1er janvier 1770.

Madame, Votre Excellence saura que, comme j’étais dans ma boutique le jour de la Saint-Sylvestre[2], sans rien faire, parce que c’était un dimanche, il passa chez moi un pédant qui fait des vers françois, et je lui dis : « Monsieur le pédant, faites-moi des vers françois pour les étrennes de Mme Gargantua ; » et il me fit cela, qui ne m’a pas paru trop bon :


Je souhaite à la belle Hortense
Une âme noble, un cœur humain,
Un goût sûr et plein d’indulgence,
Un esprit naturel et fin,
Qui s’exprime comme elle pense ;
Un mari de grande importance,
Qui ne fasse point l’important,
Qui serve son prince et la France,

  1. Mme Dupuy, fille de M. de l’Estanduère, ayant prétendu que Voltaire (voyez tome XV, page 324) n’avait pas rendu un compte exact, du combat des vaisseaux sous les ordres de son père, s’en était plainte à Voltaire, qui lui écrivit la lettre ci-dessus.
  2. Dernier jour de l’année.