écrire une lettre à Nicolas Despréaux[1] : vous avez bien mieux fait, vous écrivez comme lui.
« Le jeune bachelier qui répond à tout venant sur l’essence de Dieu ; les prêtres irlandais qui viennent vivre à Paris d’arguments et de messes ; le plus grand des torts est d’avoir trop raison ; la justice qui se cache dans le ciel, tandis que la vérité s’enfonce dans son puits, etc., etc. » sont des traits qui auraient embelli les meilleures épîtres de Nicolas.
Le portrait du sieur d’Aube[2] est parfait. Vous demandez à votre lecteur
S’il connaît par hasard le contradicteur d’Aube,
Qui daubait autrefois, et qu’aujourd’hui l’on daube,
Et que l’on daubera tant que vos vers heureux
Sans contradiction plairont à nos neveux.
Oui, vraiment, je l’ai fort connu et reconnu sous votre pinceau de Téniers.
Si vous vouliez, monsieur, vous donner la peine, à vos heures de loisir, de relimer quelques endroits de ce très-joli discours en vers, ce serait un des chefs-d’œuvre de notre langue.
Je vous assure, monsieur, qu’un vaisseau arrive plus vite de Moka à Marseille que votre Siècle de François Ier[3] n’est arrivé de Paris à Ferney. Mon gendre Dupuits l’avait laissé à Paris ; je ne l’ai eu que depuis huit jours. Grand merci de m’avoir fait passer une semaine si agréable. Vous m’avez instruit et vous m’avez amusé : ce sont deux grands services que vous m’avez rendus.
Je n’aime guère François Ier, mais j’aime fort votre style, vos recherches, et surtout votre esprit de tolérance. Vous avez beau dire et beau faire, Charles-Quint n’a jamais brûlé de luthériens à petit feu ; on ne les a pas guindés au haut d’une perche en sa présence, pour les descendre à plusieurs reprises dans le bûcher, et pour leur faire savourer pendant cinq ou six heures les délices du martyre. Charles-Quint n’a jamais dit que, si son fils ne