croit, et dont M. le comte de Fuentes et M. le duc de Villa-Hermosa ont la preuve en main ; la conduite et la condamnation de ce pauvre fou de Lally, d’après deux journaux très-exacts ; enfin je n’ai écrit que les choses dont j’ai eu la preuve, ou dont j’ai été témoin moi-même. Je ne crois pas que jamais aucun historien ait fait l’histoire de son temps avec plus de vérité, et en même temps avec plus de circonspection ; mais, de toutes les vérités que j’ai dites, les plus intéressantes pour moi sont celles qui célèbrent votre gloire. Si je me suis trompé dans quelques occasions, j’ai droit de m’adresser à vous pour être remis sur la voie. Vous savez que Polybe fut instruit plus d’une fois par Scipion.
Il y aura incessamment une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, in-4°[1]. M. le comte de Saint-Florentin m’a mandé qu’il n’y aurait aucun inconvénient à la présenter au roi ; mais je ne ferai rien sans votre approbation. Vous savez que je suis sans aucun empressement sur ces bagatelles. Je sais, il y a longtemps, avec quelle indifférence elles sont reçues, et qu’on ne doit guère attendre de compliments que de la postérité : mais daignez songer que j’ai travaillé pour elle et pour vous. Je touche à cette postérité, et vos bontés me rendent le temps présent supportable.
Agréez, monseigneur, mon tendre respect.
Madame, un jeune homme des premières familles de Genève, qui, à la vérité, a près de six pieds de haut, mais qui n’est âgé que de seize ans, assistant chez moi à la lecture de l’instruction que Votre Majesté impériale a donnée pour la rédaction de ses lois, s’écria : « Mon Dieu, que je voudrais être Russe ! » Je lui dis en présence de sa mère : « Il ne tient qu’à vous de l’être ; Pictet, qui est plus grand que vous, l’est bien ; vous êtes plus sage et plus aimable que lui. Madame votre mère veut vous envoyer dans une université d’Allemagne apprendre l’allemand et le droit public : au lieu d’aller en Allemagne, allez à Riga : vous apprendrez à la fois l’allemand et le russe ; et à l’égard du droit public, il n’y en a certainement point de plus beau que celui de l’impératrice. »