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CORRESPONDANCE.

Hermosa, que je ne connais point, mais qui doit avoir du mérite, puisqu’il est ami de M. le marquis de Mora : c’est le nom de celui qui désire de vous voir. Il vous verra avec son ami, si cela ne vous gêne pas trop ; sinon M. le marquis de Mora vous ira voir tout seul. Je puis vous répondre que quand vous l’aurez vu, vous me remercierez de vous l’avoir fait connaître. Faites-moi, je vous prie, un mot de réponse ostensible, soit pour accepter ce que je vous propose, soit pour le refuser honnêtement : ce qui m’affligerait, je vous l’avoue, sans cependant que je vous en susse mauvais gré, ni M. de Mora non plus. Il compte partir le 20 de ce mois ; ainsi je vous prie de m’écrire un mot avant ce temps-là. Ô qu’un jeune étranger comme celui-là fait de honte à nos freluquets welches ! Adieu, mon cher maître ; portez-vous bien, et aimez-moi toujours.

7231. — À M. DE CHABANON[1].
À Ferney, 7 avril.

Mon cher ami, j’ai été bien malade ; je m’affaiblis tous les jours. Je n’ai pu encore répondre à votre confiance qui a pénétré mon cœur. Je viens enfin de rassembler mes idées et de les dicter. Plus j’ai relu la pièce, plus j’ai été confirmé dans ces idées que je soumets entièrement aux vôtres. Je m’intéresse à votre gloire comme vous-même : c’est ce tendre intérêt qui m’a rendu sévère ; vous pardonnerez au motif en réprouvant mes critiques. Vous êtes capable de m’en aimer davantage, quand je me serais trompé par amitié. Je vous embrasse tendrement. V.

7232. — DE MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT[2].
Paris, 10 avril 1768.

Vraiment, vraiment, monsieur, j’ai bien d’autres questions à vous faire que sur l’âme des puces, sur le mouvement de la matière, sur l’opéra-comique, et même sur le départ de Mme Denis. Ma curiosité ne porte jamais sur les choses incompréhensibles, ou sur celles qui ne tiennent qu’au caprice. Vous m’avez satisfaite sur Mme Denis, satisfaites-moi aujourd’hui sur un bruit qui court et que je ne saurais croire. On dit que vous vous êtes confessé et que vous avez communié ; on l’affirme comme certain. Vous devez à mon amitié cet aveu, et de me dire quels ont été vos motifs, vos pensées, comment vous vous en trouvez aujourd’hui, et si vous vous en tiendrez à la sainte table ayant réformé la vôtre. J’ai la plus extrême

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Correspondance complète, édition de Lescure, 1855.