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CORRESPONDANCE

serait possible que, dans la multiplicité de mes correspondances, j’eusse envoyé quelques-unes de ces brochures imprimées en Hollande, qu’on me demande quelquefois ; il serait bien cruel qu’elles fussent tombées dans des mains dangereuses.

Tout le monde paraît content du débusquement de M. del Averdi, et on ne l’appelle plus que M. Laverdy[1]. Cela semble prouver qu’il voulait de l’ordre et de l’économie ; on n’aime ni l’un ni l’autre à la cour, mais il en faut pour le pauvre peuple. Cependant ce ministre avait fait du bien ; on lui devait la liberté du commerce des grains, celle de l’exercice de toutes les professions, la noblesse donnée aux commerçants, la suppression des recherches sur le centième denier après deux années, les privilèges des corps de villes, l’établissement de la caisse d’amortissement. Le public est soupçonné quelquefois d’être injuste et ingrat.

Comme nous allons bientôt entrer dans l’avent, votre bibliothécaire, monsieur, vous envoie un sermon[2]. Il est vrai que ce sermon est d’un huguenot ; mais la morale est de toutes les religions. Je ne manquerai pas de vous faire parvenir tous les ouvrages de dévotion qui paraîtront dans ce saint temps.

Vous savez combien je vous suis attaché.

7370. — À M. LE CHEVALIER DE LORRY[3].
Au château de Ferney, le 26 octobre.

Monsieur, je vous aurais remercié sur-le-champ, si mon âge et mes maladies me l’avaient permis. Je suis bien affligé de n’avoir pas su plus tôt l’étonnante action qui doit immortaliser votre régiment et la mémoire de M. d’Assas. Je n’aurais pas manqué d’en parler dans le Siècle de Louis XIV et de Louis XV, que l’on vient d’imprimer ; j’en suis si touché que je vais faire une

  1. Voyez tome XLIII, pages 198 et 224. Lorsqu’il quitta le ministère, on fit ce couplet sur L’air de la Bourbonnaise :

    Le roi, dimanche,
    Dit à Laverdi, (bis)
    Le roi, dimanche,
    Dit à Laverdi :
    Va-t’en lundi. »

  2. C’est vers février 1768 que Voltaire avait publié son Sermon prêché à Bâle (voyez tome XXVI, page 581). Je crois qu’il s’agit ici de l’Homélie du pasteur Bourn, qui parut en octobre (voyez tome XXVII, page 227). (B.)
  3. Voyez tome XV, page 354. Sa lettre est du 14 octobre 1768, et fut imprimée dans le Journal encyclopédique du 1er mai 1769, page 447.