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ANNÉE 1767

dans ma bibliothèque sans me le dire ; cette imprudence a eu pour moi des suites très-désagréables. Je lui pardonne de tout mon cœur ; il n’a point péché par malice ; je l’aime. J’ai été assez heureux pour lui rendre quelques services, et lui en rendrai tant que je serai en vie.

Mes respects à Mme de Rochefort. Si je suis en vie l’année qui vient, et si vous allez dans vos terres, n’oubliez pas, monsieur, un solitaire qui vous est dévoué avec un attachement inviolable.

P. S. Voici ce qu’on m’envoie de Lyon[1] ; je vous en fais part comme à un homme discret, dont je connais la sagesse et les bontés. Pourriez-vous, monsieur, me faire savoir des nouvelles de la santé de la reine[2] ?

7193. — À M. HENNIN.
À Ferney, mardi matin, 1er mars.

Soyez très-sûr, très-aimable résident, que votre Languedochienne avec ses beaux yeux n’avait point vu la deuxième baliverne[3]. J’avais abandonné aux curieux la première et la troisième ; mais pour la seconde, je l’avais toujours laissée dans mon portefeuille ; et j’avais des raisons essentielles pour ne point la faire paraître. Si votre dame aux grands yeux l’a eue, ce ne peut être que depuis le mois de novembre, car La Harpe partit au mois d’octobre, et c’est au commencement de novembre qu’il la donna à trois personnes de ma connaissance. Les copies se sont peu multipliées, attendu qu’on ne se soucie guère à Paris de Tollot[4] l’apothicaire, de Flournoi[5], de Rodon, du prédicant Buchon, et autres messieurs de cette espèce.

Si quelqu’un avait pu faire cette infidélité, c’était ce polisson de Galien ; cependant il ne l’a pas faite.

S’il était vrai que cette coïonnerie eût paru à Paris avant le voyage de La Harpe au mois d’octobre, comme il l’a dit à son retour pour se justifier, il m’en aurait sans doute averti dans ses lettres. Il m’instruisait de toutes les anecdotes littéraires ; il n’aurait pas oublié celle qui me regardait de si près ; il n’aurait

  1. Lettre de l’archevêque de Cantorbéry, voyez tome XXVI, page 577.
  2. Marie Leczinska, morte le 24 juin 1768.
  3. Le deuxième chant de la Guerre civile de Genève.
  4. Voyez la lettre 7261.
  5. Voyez tome IX, pages 523, 524, 532.