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CORRESPONDANCE.
7128. — À MADAME LA DUCHESSE DE CHOISEUL.
Lyon[1], 12 janvier.

Madame, je vous fais ces lignes pour vous dire qu’en conséquence de vos ordres précis, à moi intimés par madame votre petite-fille[2], j’ai l’honneur de vous dépêcher deux petits volumes traduits de l’anglais, du contenu desquels je ne réponds pas plus que les états de Hollande quand ils donnent un privilège pour imprimer la Bible ; c’est toujours sans garantir ce qu’elle contient.

Ayez la bonté, madame, de noter que, ne sachant pas si messieurs des postes sont assez polis pour vous donner vos ports francs, j’adresse le paquet sous l’enveloppe de monseigneur votre mari, pour la prospérité duquel nous faisons mille vœux dans notre rue. Nous en faisons autant pour vous, madame, car tous ceux qui viennent acheter des livres chez nous disent que vous êtes une brave dame qui vous connaissez mieux qu’eux en bons livres, qui avez considérablement de l’esprit, et qui ne courez jamais après. Vous avez le renom d’être fort bienfaisante ; vous ne condamnez pas même les vieux barbouilleurs de papier à mourir, parce qu’ils n’en peuvent plus : cela est d’une bien belle âme.

Enfin, madame, on dit toutes sortes de bien de vous dans notre boutique ; mais j’ai peur que cela ne vous fâche, parce qu’on ajoute que vous n’aimez point cela. Je vous demande donc pardon, et suis avec un grand respect, madame, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Guillemet,
typographe de la ville de Lyon.
7129. — À M. SERVAN.
13 janvier.

Vous m’avez prévenu, monsieur. Il y a longtemps que mon cœur me disait de vous remercier des deux discours[3] que vous avez prononcés au parlement, et qui ont été imprimés. Je me souviendrai toujours d’avoir répandu des larmes pour cette pauvre femme que son mari trahissait si pieusement en faveur de la

  1. Cette lettre est datée de Lyon, afin que la date se rapporte avec la signature ; mais Voltaire était toujours à Ferney.
  2. Mme du Déffant appelait Mme la duchesse de Choiseul sa grand’maman.
  3. Discours dans la cause d’une femme protestante, 1767, in-12 ; et Discours sur l’administration de la justice criminelle en France, 1767, in-8°.