Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/473

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
463
ANNÉE 1767

tribunal y est déclaré incompétent et leur jugement injuste. J’ai malheureusement perdu cet écrit précieux, qui doit être une pièce produite au procès ; je ne me souviens plus du titre ; il me semble que c’était une lettre adressée à un correspondant imaginaire, comme celles de Vernet. Je vous demande en grâce d’écrire sur-le-champ à vos amis du Languedoc qu’il faut qu’ils déterrent cette lettre et qu’ils l’envoient en droiture à M. de Chardon, maître des requêtes, sous l’enveloppe de M. le duc de Choiseul. Cela est, encore une fois, de la dernière importance. Il n’y a point de peine qu’on ne doive prendre pour recouvrer cet ouvrage. C’est un préliminaire nécessaire pour casser le dernier arrêt de Toulouse, qui révolte tout le monde.

Je me porte fort mal, mais je mourrai content avec l’espérance de voir la tolérance rétablie ; l’intolérance déshonore trop la nature humaine. Nous avons été trop longtemps au-dessous des Juifs et des Hottentots. — Je vous embrasse bien tendrement, mon cher philosophe. Vous devriez bien venir quelque jour coucher chez nous ; nous causerions.

7106. — À M. DAMILAVILLE.
24 décembre.

Mon cher ami, je reçois votre lettre du 8 du mois avec votre mémoire. Il n’y a, je crois, rien à répliquer ; mais la puissance ne cède pas à la raison :

Sic volo, sic jubeo…

(Juven., sat. vi, v. 223.)


est d’ordinaire la raison des gens en place. Il faut absolument entourer M. et Mme de Sauvigny de tous les côtés, et les empêcher surtout de donner contre vous des impressions qu’il ne serait peut-être plus possible de détruire, quand la place qui vous est si bien due viendrait à vaquer.

J’ai écrit encore à Mme de Sauvigny[1], et je lui ai fait parler. Je me flatte qu’ils ne verront pas votre mémoire, il les mettrait trop dans leur tort, et des reproches si justes ne serviraient qu’à les aigrir.

  1. Cette lettre manque.