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ANNÉE 1767.

nouvelle fort augmentée, était un peu supérieur à notre siècle.

Comme cet ouvrage est suivi d’un petit abrégé qui va jusqu’à la dernière guerre[1], je ne manquerai pas de parler de la belle action de M. le duc d’Aiguillon[2], qui a repoussé les Anglais. J’avais oublié cette consolation dans nos malheurs.

Votre ancien serviteur se recommande toujours à votre bonté et loyauté, et vous présente son tendre et profond respect.

7079. — À M. DE CHABANON.
30 novembre.

L’anecdote parlementaire que vous avez la bonté de m’envoyer, mon cher ami, m’est d’autant plus précieuse qu’aucun écrivain, aucun historien de Louis XIV n’en avait parlé jusqu’à présent.

Et voilà justement comme on écrit l’histoire.

<divp>(Chariot, acte I, scène vii.)

Vous êtes bien plus attentif que le victorieux auteur[3] de l’Éloge de Charles V. Il ne m’a point appris d’anecdotes, car il ne m’a point écrit du tout. Je présume qu’il passe fort agréablement son temps avec quelque fille d’Aaron-al-Raschild[4].

Je ne sais pas la moindre nouvelle des tripots de Paris. J’ignore jusqu’aux succès des doubles-croches de Philidor, et je suis toujours très-affligé de l’aventure des croches de notre ami M. de La Borde. J’ai sa Pandore à cœur, non parce que j’ai fourni la toile qu’il a bien voulu peindre, mais parce que j’ai trouvé des choses charmantes dans son exécution ; et je souhaite passionnément qu’on joue le péché originel à l’Opéra. Vous me direz qu’il ne mérite d’être joué qu’à la foire Saint-Laurent : cela est vrai, si on le donne sous son véritable nom ; mais, sous le nom de Pandore, il mérite le théâtre de l’Académie de musique. Je vous prie toujours d’encourager M. de La Borde : car pour vous, mon cher ami, je vous crois assez encouragé à établir votre réputation en détruisant l’empire romain. Mais commencez par

  1. L’édition de 1768 du Siècle de Louis XIV contenait la première édition du Précis du Siècle de Louis XV, dont les chapitres xxxiii-xxxv donnaient le récit de la guerre de Sept ans (1757-1763).
  2. Voyez tome XV, page 370.
  3. La Harpe.
  4. La Harpe s’occupait de sa tragédie des Barmécides.