Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
376
CORRESPONDANCE.

ne payassent mes bienfaits que d’ingratitude ; vous ne le souffrirez pas : vos bontés pour moi sont trop constantes, et ce n’est pas votre coutume d’abandonner vos amis.

Mon village est devenu le quartier général des troupes qui font le blocus de Genève. Je vous écris au son du tambour, et en attendant la fièvre qui va me prendre.

Mme Denis et M. de Chabanon se joignent à moi pour vous dire combien ils s’intéressent a la santé de Mme d’Argental, et moi, je ne puis vous dire combien je vous aime.

7015. — À M. DAMILAVILLE.
18 septembre.

Je saisis, mon cher ami, l’intervalle de ma fièvre pour vous envoyer de quoi réparer un peu les griefs de Merlin. Il peut imprimer cela sur-le-champ, car je ne veux point absolument de privilège, et ce n’est qu’à condition qu’il n’aura nul privilège que je lui donne ce petit ouvrage[1]. Il nous amuse, il plaît aux officiers qui sont chez nous ; il plaira, s’il peut, aux Welches.

Je mets encore une condition à ce présent que je lui fais : c’est que la pièce sera imprimée sur-le-champ, sans avoir été communiquée à personne.

Il y a un gros paquet pour vous qui vous sera remis quand il plaira à Dieu. Tâchez que votre santé soit meilleure que la mienne. Je vous embrasse tendrement.

Je vous prie de faire donner cette lettre[2] à Panckoucke.

7016. — À M. DAMILAVILLE.
19 septembre.

Je vous ai envoyé, mon cher ami, une petite galanterie pour Merlin ; je vous supplie de vouloir bien faire un petit changement au premier acte.

Madame la comtesse dit à son fils :

Tous les grands sont polis[3]. Pourquoi ? C’est qu’ils ont eu
Cette éducation qui tient lieu de vertu.

  1. Charlot, ou la Comtesse de Givry ; voyez tome VI, page 341.
  2. Elle est perdue.
  3. Le premier hémistiche n’est ni dans le texte, ni dans les variantes ; voyez tome VI, page 356.