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CORRESPONDANCE.

tion du commerce de Lyon avec Genève m’a empêché jusqu’ici de l’avoir ; vous l’aurez probablement à Paris avant moi.

J’apprends dans le moment, par les lettres de Paris, que Mme d’Argental est à l’extrémité ; elle est peut-être morte. Que va devenir M. d’Argental ? Je suis au désespoir. Adieu le théâtre, adieu tout ; adieu, mon cher ami. V.

6984. — À M. RIBOTTE[1].
14 auguste 1767.

Il est triste, monsieur, qu’un homme tel que La Beaumelle soit devenu le gendre de M. de Lavaysse, et le beau-frère de M. de Lavaysse de Vidou. C’est un monstre qui s’est introduit dans une famille d’honnêtes gens. Vous me feriez plaisir de me dire quels sont les magistrats de Carlat et de Mazères, et les autres personnes, soit protestantes, soit catholiques, auxquelles il conviendrait d’envoyer le mémoire adressé aux ministres. M. de Gudane a déjà parlé à ce malheureux par ordre du roi, et l’a menacé du cachot s’il continuait ses insolences calomnieuses.

Vous me ferez plaisir, monsieur, de vouloir bien m’instruire des suites de l’affaire de Sainte-Foy : je ne doute pas que la protection et le crédit de M. le maréchal de Richelieu ne fassent rendre justice à l’innocence persécutée.

Voudriez-vous bien aussi m’apprendre s’il y a dans le Carlat, dans Mazères, et dans les environs, quelques personnes à qui l’on peut envoyer le mémoire.

J’ai l’honneur d’être bien véritablement, monsieur, votre très-humble obéissant serviteur. V.

6985. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, ce 14 auguste.

Les philosophes, mon cher et illustre confrère, doivent être comme les petits enfants : quand ceux-ci ont fait quelque malice, ce n’est jamais eux, c’est le chat qui a tout fait. Je crois très-ingénument que l’Ingénu n’existe pas : je ne le croirai que le plus tard que je pourrai ; mais enfin, si on me le montre, et que je trouve cet Ingénu tant soit peu malicieux, je dirai que c’est le neveu ou le chat de l’abbé Bazin qui en est l’auteur.

À propos d’Ingénu, avez-vous lu un livre qui a pour titre Théologie

  1. Bulletin de la Société de l’histoire du Protestantisme français ; Paris, 1856, page 246.