le sieur Vergier[1], ancien commissaire de marine. Cette horreur, jointe à tant d’autres, doit certainement être réprimée. L’audace criminelle de ce misérable donne du cours à ses livres, surtout dans les pays étrangers. Je suis persuadé que si Votre Altesse sérénissime daigne dire ou faire dire un mot à M. de Saint-Florentin, on préviendra aisément cette nouvelle édition. Vous verrez, monseigneur, dans le Mémoire ci-joint, la page où ce coquin ose ainsi vous outrager. Vous y verrez ses autres crimes. Jamais l’abus de l’imprimerie n’a rien produit de si coupable. Les sentiments que la France a pour votre personne autorisent la liberté que je prends.
Je suis avec un profond respect, etc.
Il est juste, mon cher confrère, de vous laisser une seconde fois la satisfaction d’annoncer vous-même à M. de La Harpe qu’il a remporté le prix d’éloquence, d’une voix unanime[2] ; ce jugement a été porté dans notre assemblée d’hier. Il avait vingt-neuf concurrents, parmi lesquels on dit qu’il y en avait de redoutables ; mais aucun n’a tenu devant lui, et son discours est infiniment supérieur à tous les autres. Je le regarde comme un des meilleurs que l’Académie ait encore couronnés, et je ne doute point que le public n’en porte le même jugement.
Faites-lui, je vous prie, mon compliment sur ce nouveau succès, qui, vraisemblablement, ne sera pas le dernier, à en juger par le vol qu’il prend dans la littérature, et que je vois avec le plaisir que me donne l’intérêt que je prends à lui. Je me flatte qu’il en est bien persuadé. Il faut qu’il écrive à notre secrétaire, qui lui fera tenir, à son choix, ou la médaille, ou l’argent de la médaille. Il serait bien juste que notre libraire lui donnât encore, pour ce beau et bon discours, un honoraire convenable ; mais une loi, que je trouve très-injuste, rend notre libraire propriétaire des discours qui ont remporté le prix ; il ne tiendra pas à moi qu’elle ne soit réformée par la suite, ainsi que la loi absurde de l’approbation des docteurs[3]. À propos de docteurs, j’ai remarqué, dans le discours de M. de La Harpe, quelques lignes rayées qui me paraissent être de leur besogne ; il me semble qu’en cela ils ont passé leurs pouvoirs, les endroits rayés ne regardant ni la religion ni les mœurs ; j’en conférerai avec quelques-uns de nos amis, et je verrai si ces endroits-là ne peuvent pas se rétablir à l’impression. Au reste, le fourrage