Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/576

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riale m’a honoré est du 9 juillet 1766. J’ai répondu exactement à M. le général de Betzky. J’ai remercié Sa Majesté impériale de toutes ses bontés pour les Sirven. J’ai admiré, j’ai béni sa générosité envers M. Diderot, et tous les grands exemples qu’elle donne à l’Europe. On dit que les ambassadeurs sont des espions honorables. Je sais, monsieur, que vous êtes l’espion du mérite et de l’infortune. Vous les cherchez pour leur procurer des bienfaits. C’est là votre principal ministère. C’est vous, monsieur, qui fournissez à votre auguste impératrice les occasions de signaler sa grandeur d’âme. Louis XIV, en répandant des bienfaits sur les gens de lettres de l’Europe, fit beaucoup moins que votre souveraine. Il se fit indiquer le mérite, mais l’impératrice l’a connu par elle-même ; elle n’a écouté son grand cœur qu’après avoir consulté son esprit. Je lui souhaite un règne aussi long qu’elle le rend glorieux. Où est le temps que je n’avais que soixante et dix ans ? J’aurais couru l’admirer. Où est le temps que j’avais encore de la voix ? Je l’aurais chantée sur tout le chemin, du pied des Alpes à la mer d’Archangel.

Monsieur Thomas, vous qui êtes jeune, et qui avez meilleure voix que moi, vous avez déjà célébré Pierre Ier en trois chants ; je vous en demande un quatrième pour Catherine Seconde.

Jouissez longtemps, monsieur le prince, de l’honneur que vous avez de la représenter ; vous faites plus, vous lui ressemblez : le meilleur ministre est toujours celui qui fait aimer son maître.

Daignez me mettre aux pieds de cette héroïne, et agréez le profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, etc.

Voltaire.