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en Angleterre dans ce temps. Coyer nie fortement, et avec l’air de sincérité ; Bordes nie faiblement, et avec un air d’embarras.

Pour celui qui a fait les Notes[1], c’est un intime ami du docteur Tronchin, et je ne suis pas assez heureux pour être dans sa confidence. Je sais certainement que les notes ont été faites à Paris par un homme très au fait, que vous connaissez ; mais je ne veux accuser personne, et je me contente de me défendre. Il est triste d’avoir à combattre des rats, quand on est près d’être dévoré par des vautours. J’ai besoin de courage, et je crois que j’en ai.

Je ne sais ce que c’est que ce livre des Plagiats de Rousseau[2], imprimé chez Durand. Si je reste à Ferney, je vous prierai de me l’envoyer. Il est cité, page 12, dans la triste et dure brochure des Notes sur ma lettre à M. Hume.

À l’égard des Sirven, mon cher ami, continuez, et vous serez béni. Le temps n’est pas favorable, je le sais ; mais il faut toujours bien faire, laisser dire, et se résigner. Quel beau rôle auraient joué les philosophes si Rousseau n’avait pas été un fou et un monstre ! Mais ne nous décourageons point.

Vous sentez bien que je ne dois rien dire sur M. de La Chalotais. Je vous suis seulement très-obligé de m’avoir fait voir combien le roi est sage et bon. Vous ne m’avez rien appris ; mais j’aime à voir que vous en êtes pénétré comme moi. Je vous prie de faire mettre, si vous pouvez, cette déclaration[3] dans le Mercure.

Voudriez-vous avoir la bonté de faire tenir d’abord cette lettre à l’abbé Mignot ?


6641. — À M. HENNIN.
30 décembre.

J’embrasse tendrement le ministre de paix. Je lui souhaite un bel olivier pour l’année 1767. À l’égard des myrtes, il en aura tant qu’il voudra. Je lui renvoie le fatras latin. Les livres rares sont rarement de bons livres.

Je le supplie de me mettre aux pieds de Son Excellence, quoique ses pieds ne soient pas trop fermes. On dit qu’il ne peut encore marcher : c’est la statue de Nabuchodonosor[4], tête d’or et

  1. Voltaire lui-même ; voyez tome XXVI, page 35.
  2. Voyez tome XXVI, page 39.
  3. Voyez cette déclaration, tome XXVI, page 103.
  4. Daniel, chap. ii, vers. 32, 33.