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Bureau de Collonges suffira ; mais ce mot est bien nécessaire ; il faut que l’on écrive sur-le-champ.

Tout ce qui serait à craindre, ce serait que le directeur du bureau de Collonges n’envoyât les papiers à la police de Lyon ou de Paris, et que cela ne fit une affaire criminelle qui pourrait aller loin.


6635. — À M. DAMILAVILLE.
24 décembre.

Voici, mon cher ami, la lettre que m’a écrite M. de Courteilles à votre sujet. Il faudra bien, tôt ou tard, qu’on fasse quelque chose pour vous ; mais il est bien nécessaire que M. de Courteilles vive.

Je ne perdrai pas patience ; j’attendrai le mémoire de M. de Beaumont. Quiconque désire passe sa vie à attendre.

Je suis très-fâché de la maladie du pauvre Thieriot. Il est seul ; les dernières années de la vie d’un garçon sont tristes. Il faudrait qu’il fût dans le sein de sa famille.

Il y a, mon cher ami, actuellement à Genève cent pauvres diables qui écrivent beaucoup mieux que M. Totin, et qui ne sont pas plus riches. Tout commerce est cessé, La misère est très-grande. Je suis d’ailleurs entouré de pauvres de tous côtés. Si vous voulez pourtant donner un louis pour moi à ce Totin, vous êtes bien le maître.

On dit que la tragédie suisse[1] ne vaut rien, quoiqu’on y parle le langage de la nation. Il n’y a, de toutes les histoires de pommes, que celle de Pâris qui ait fait fortune.

Je me doutais bien que Sa Majesté trouverait la convocation des pairs au parlement de Paris, pour un procureur général au parlement de Rennes, extrêmement ridicule. Il y a assurément plus de raison dans sa tête que dans toutes celles des enquêtes.

Je vous embrasse très-tendrement.


6636. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[2].
27 décembre.

J’allais partir[3], tout malade que je suis, et je ne suis point encore parti, mon divin ange. Mme Denis, dans son inquiétude et

  1. Le Guillaume Tell de Le Mierre.
  2. Éditeurs, de Cayrol et, François.
  3. Il s’apprétait à fuir.