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qu’aux autres avocats, que s’il y a dans ce petit imprimé quelques traits contre la superstition de Toulouse, il n’y a rien contre la religion. L’auteur, tout protestant qu’il est, ne s’est moqué que des reliques ridicules portées en procession par les Visigoths ; il n’a dit que tout ce que les gens sensés disent dans notre communion. Si ce petit ouvrage, fait pour les princes d’Allemagne, et non pour les bourgeois de Paris, révolte quelques avocats, ou si plutôt il leur fournit un prétexte de ne point signer la consultation de M. de Beaumont, c’est assurément un très-grand malheur. Il n’y a que vous qui puissiez le réparer en leur faisant entendre raison, et les faisant rougir du dégoût qu’ils donnent à leurs confrères. Vous mettez le comble à toutes vos bonnes actions en suivant avec chaleur cette affaire, qui sans vous échouerait entièrement. Ce dernier trait de votre vertu courageuse m’attache à vous plus que jamais.

La petite affaire de M. de Lemberta avec M. Boursier est en train : on fera une partie de ce qu’il désire, c’est-à-dire qu’on exécutera ses ordres[1], et qu’on ne lui donnera point d’argent. En attendant, je vous prie de lui avancer les cent écus dont vous serez remboursé.

Mon cher Wagnière a prêté cinquante louis, qui font toute sa fortune[2], à un correspondant de l’enchanteur Merlin, qui lui a donné deux billets de Merlin, de vingt-cinq louis chacun ; le premier payable au mois de juillet de cette année, et le second au mois de janvier 1767. Je vous prie très-instamment de préparer Merlin à payer cette dette sans aucune difficulté. Il serait triste que Wagnière eût à se repentir d’avoir fait plaisir. Je sais que Merlin doit de l’argent aux Cramer ; mais Wagnière doit passer devant tout le monde. Vous ne reconnaissez point sa main dans cette lettre que je dicte, il est actuellement occupé à transcrire la tragédie[3], que l’on doit vous montrer. M. d’Argental n’en a qu’une

  1. Une nouvelle édition avec corrections et additions de l’opuscule sur la Destruction des jésuites.
  2. Voici ce que Wagnière écrivait le 26 décembre 1766 :

    « Je n’ai pu retrouver, monsieur, dans le désordre où nous sommes, le billet de douze cents livres. Je vous prie de m’adresser toujours vos lettres à Genève. Voici un petit billet par lequel j’annule tous les autres billets. Ainsi, les choses sont en règle. Vos amis vous font les plus tendres compliments. Ayez la bonté de n’écrire qu’à moi. J’ai l’honneur d’être bien sincèrement, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

    « Wagnière. »

    C’est de la Correspondance de Grimm que j’ai extrait ce billet. (B.)

  3. Les Scythes.