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coup d’esprit, qui était en Angleterre aussi. Ce M. de Bordes est l’auteur d’une Ode sur la Guerre qui m’a été attribuée dans plusieurs journaux. Il pourrait bien m’avoir fait l’honneur de m’attribuer sa prose comme ses vers. N’accusons donc plus M. l’abbé Coyer ; ne faisons plus de jugements téméraires, et contentons-nous d’être innocents sans chercher à faire des coupables.

Voici le temps de faire paraître vos proscriptions[1] ; il n’y a point un moment à perdre. Je ne me soucie point du tout d’en avoir des premiers. Je vous enverrai incessamment un semblable ouvrage[2] de mon ami, dont vous pourrez tirer cinq cents exemplaires ; c’est tout ce qu’il faut dans le temps présent, et je suis très-fâché de vous avoir conseillé d’en tirer sept cent cinquante du premier. Mais quand je vous aurai fait parvenir la nouvelle pièce de mon ami, ce ne sera qu’à condition que vous ne mettrez pas plus de huit jours à l’imprimer. Je vous fais mille compliments très-tendres.


6615. — À M. BORDES.
À Ferney, 15 décembre.

Je vous suis très-obligé, monsieur, des deux livres que vous voulez bien me confier, et que je vous rendrai très-fidèlement dès que je les aurai consultés. J’espère les recevoir incessamment. L’abbé Coyer me jure qu’il n’est point l’auteur de la Lettre à Pansophe : c’est donc vous qui l’êtes ? Vous dites que ce n’est pas vous : c’est donc l’abbé Coyer. Il n’y a certainement que l’un de vous deux qui puisse l’avoir écrite. Le troisième n’existe pas. De plus, vous étiez tous deux à Londres à peu près dans le temps que cette lettre parut. Il n’y a que vous deux qui puissiez connaître les Anglais dont on trouve les noms dans cette pièce. Le style en est parfaitement conflorme à la Profession de foi[3] très-plaisante que vous fîtes, il y a quelques années, entre les mains de Jean-Jacques.

Vous avez très-grande raison d’avouer que ce Jean-Jacques a quelquefois de la chaleur dans ses déclamations, et qu’il est souvent contraint, obscur, insolent, hérissé de sophismes, et plein de contradictions. Si vous vouliez ajouter, à cette confession gé-

  1. Le Triumvirat.
  2. Les Scythes.
  3. Voyez la note 3, tome XLIII, page 502.