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Toute ma petite famille est à vos pieds.

Je vous envoie la lettre de M. Janel, que je reçois dans le moment, M. le duc de Praslin verra que la personne entre les mains de laquelle le paquet est tombé ne le rendra point, et qu’il fait cas de l’ouvrage. Il est ridicule, d’ailleurs, que ce petit livre ne soit pas plus connu ; il ne peut faire que du bien.

Je fais mes compliments à Le Jeune ; mais comme il orthographie très-mal mon nom, je le prie de ne l’écrire jamais, ni de le prononcer, et surtout quand il écrira à madame sa femme. Il faut être discret sur les affaires de famille, sans quoi il me serait absolument impossible de lui rendre service.


6610. — DE M. HENNIN[1].
À Genève, le 11 décembre 1766.

Voici, monsieur, la compilation dont je vous ai parlé. Il y a bon nombre d’absurdités, et l’auteur paraît avoir pris à tâche de les éparpiller pour qu’elles fissent moins de sensation. Je souhaite que ce ramassis vous amuse quelques moments.

Nous sommes toujours fort incertains du sort de la médiation. Le courrier de monsieur l’ambassadeur n’est pas revenu. J’espère que les représentants feront réflexion aux malheurs dont leur patrie est menacée. C’est bien le moment d’exercer leur génie calculateur.

La neige, qui vient toujours trop tôt, a sans doute été mal reçue à Ferney. Je crois vous entendre la maudire de bon cœur.


6611. — À M. LE RICHE.
À Ferney, 12 décembre.

Je voudrais, monsieur, avoir l’honneur de vous envoyer quelques livres pour vos étrennes. Il faut que vous ayez la bonté de me mander comment je pourrai vous les faire parvenir avec sûreté. Je voudrais bien savoir aussi si les lettres qu’on adresse, du pays où je suis, en Lorraine, passent par la Franche-Comté.

Pourriez-vous encore me faire une autre grâce ? Il y a dans votre ville un misérable ex-jésuite, nommé Nonotte, qui, pour augmenter sa portion congrue, a fait un libelle en deux volumes. Je voudiais savoir quel cas on fait de sa personne et de son libelle. On dit que le père de ce prêtre est un boulanger ; cela est heureux : il aura le pain azyme pour rien, et il distribuera

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.