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ANNÉE 1766.

belles-lettres. Il me semble que je ne mérite pas les cruelles persécutions que j’essuie depuis si longtemps.

Mandez-moi donc à qui on attribue le petit livre savant et éloquent que vous m’avez envoyé avec une note de M. Thieriot. L’auteur de ce livre ne me traite pas comme les Guyon et les Fréron : je voudrais bien connaître cet honnête homme.

Savez-vous quel est le polisson qui a fait le plat ouvrage intitulé la Justification de Jean-Jacques, et qui prétend que Jean-Jacques est le seul philosophe dont la conduite soit conforme à ses principes ?

Les affaires de Genève doivent finir bientôt. Ce petit État devra au roi toute sa félicité, outre quatre millions cinq cent mille livres de rente dont les Genevois jouissent en France. M. le chevalier de Beauteville leur a donné un projet qui est la sagesse même. S’ils ne l’acceptaient pas, il faudrait qu’ils fussent plus fous et plus méchants que Jean-Jacques.

Je vous embrasse tendrement, mon très-cher ami. Remerciez bien pour moi M. Thieriot de son attention, et faites quelquefois mention de moi avec Tonpla.

M. Boursier est toujours dans les mêmes sentiments ; il dit qu’il se tiendra toujours prêt.

N. B. L’avocat de Besançon, auteur du Commentaire sur les lois, concernant les Délits, a beaucoup augmenté son ouvrage[1]. L’édition est entièrement épuisée. Pourriez-vous demander à M. Marin si on permettra dans Paris l’entrée d’une nouvelle édition conforme à ce qui a déjà été imprimé, et très-circonspecte dans ce qui sera ajouté ?


6600. — À M. DAMILAVILLE.
3 décembre.

Quel est donc, mon cher ami, le conseiller usurier, banqueroutier, et enfui ? Qu’a fait M. de Mazarin ? Avez-vous vu M. d’Argental ?

Voulez-vous bien envoyer ce petit mot[2] à M. d’Alembert ? Quand M. Thomas sera-t-il reçu ? Le factum pour les Sirven est-il à l’impression ? Je suis un grand questionneur, et je ne suis que cela aujourd’hui. La poésie m’avait transporté dans les

  1. Cet ouvrage est de Voltaire ; voyez tome XXV, page 539.
  2. Il manque.