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On m’avait mandé qu’elle était de l’abbé Coyer ; mais on dit actuellement qu’elle est de vous, et je le crois, parce qu’elle est charmante : mais elle ne s’accorde point avec ce que j’ai mandé à M. Hume, qu’il y a sept ans[1] que je n’ai eu l’honneur d’écrire à M. Jean-Jacques.

Je vous prie de vous confier à moi : je vous demande encore en grâce de vous informer d’un nommé Nonotte, ex-jésuite, qui m’a fait l’honneur d’imprimer à Lyon deux volumes[2] contre moi pour avoir du pain (je ne crois pas que ce soit du pain blanc). Il y a longtemps que je cherche deux autres libelles de jésuites contre les parlements : l’un, intitulé Il est temps de parler[3], et l’autre, Tout se dira[4]. Ils sont rares : pourriez-vous me les faire venir, à quelque prix que ce soit ?

Je vous demande pardon de la liberté que je prends. Je vous embrasse tendrement, mon cher confrère à l’Académie de Lyon, qui devriez l’être à l’Académie française.


6596. — DE M. HENNIN[5].
À Genève, le 29 novembre 1766.

Voici vraisemblablement, monsieur, la lettre que vous attendiez de Versailles ; je me hâte de vous l’envoyer.

Les têtes Genevoises sont encore bien en l’air sur l’ouvrage de la médiation. Il faut croire que c’est la fin de leur accès.

Nous nous sommes proposé vingt fois, monsieur l’ambassadeur et moi, de vous avertir que votre justice est prête à tomber, et que son penchant l’entraîne à écraser quelque honnette voyageur qui passera sur le grand chemin sans penser à mal. Votre intention n’est pas que ce qui est fait pour effrayer les méchants devienne funeste aux bons. Faites donc redresser ou plutôt remplacer ces quatre piliers, symbole de votre pouvoir sur vos vassaux. Ils interceptent le chemin de Ferney. Les bons catholiques se signent et passent le long du fossé opposé ; mais tous ceux qui vont vous voir n’usent pas de cette recette, et vous, qui aimez les hommes, vous seriez au désespoir que quelque mécréant fût écrasé sous la chute d’un gibet, comme vous l’êtes quand par malheur on y en accroche quelqu’un pour faire peur aux autres.

Pardon, monsieur, de ma remarque géographique, je fais ici l’office de grand-voyer. Si cet épouvantait pouvait écarter de Ferney tous les ennuyeux,

  1. Voyez tome XXVI, page 29.
  2. Erreur de M. de Voltaire : voyez tome XXVI, pages 139 et suiv.
  3. Par l’abbé Dazés.
  4. L’auteur de cet écrit est inconnu. (B.)
  5. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin. 1825.