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ANNÉE 1766.

que les traités soient secrets ; comptez sur ma tendre et respectueuse amitié.

Votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Miso-Priest[1].

La Lettre au docteur Pansophe n’est point de moi ; elle est de l’abbé Coyer ; je voudrais l’avoir faite.


6591. — À M. HENNIN.
27 novembre.

Il faudrait, mon cher résident, que les Genevois eussent le diable au corps pour ne pas accepter le règlement qu’on leur propose[2]. Il me semble que tous les ordres de leur petit État sont pesés dans des balances qui sont plus justes que celles que Jupiter tient dans Homère. Tous les citoyens devraient venir baiser les mains des plénipotentiaires, et s’aller enivrer ensuite, comme le prescrit Rousseau dans je ne sais quel mauvais livre de sa façon[3]. Bonsoir, très-aimable homme ; mettez-moi aux pieds de Son Excellence, et ne m’oubliez pas auprès de M. de Taulès.


6592. — À M. D’ALEMBERT.
28 novembre.

Il y a trois heures que j’ai reçu le cinquième volume[4], mon très-cher philosophe. Ce que j’en ai lu m’a paru digne de vous. Je ne puis vous donner un plus grand éloge. Quoi ! vous dites dans l’avertissement que l’Apologie de l’étude n’a pas été heureuse dans l’assemblée où elle fut lue[5] ! Êtes-vous encore la dupe de ces assemblées ? Ne savez-vous pas que le Catilina de Crébillon fut reçu avec transport ?

« Aspice auditores torvis oculis, percute pulpitum fortiter, die nihil ad propositum, et bene prædicabis. »

  1. Ennemi des prêtres.
  2. La bourgeoisie rejeta le règlement proposé.
  3. Dans sa lettre à d’Alembert, J.-J. Rousseau ne parle pas de cabaret. Il craint seulement que l’établissement des spectacles à Genève ne détruise les cercles formés dans cette ville, où « on joue, on cause, on lit, on boit, on fume, etc. »
  4. Des Mélanges de littérature.
  5. l’Apologie de l’étude avait été lue dans la séance publique de l’Académie française du 13 avril 1761.